Duhamel, Suzanne
Je connais une arme plus terrible et plus meurtrière que la calomnie, c'est la vérité.J. Crétineau-Joly – Ecrivain français (1803-1874)
Mon commentaire ne concernera que les patronymes extravagants, comme la madame Charlemagne dont parle Duhamel.On aura compris que la seconde citation ne m’intéresse que pour le nom de l’auteur : monsieur Crétineau-Joly. (1)
J’imagine qu’un jour un monsieur Crétineau a épousé une madame Joly (ou le contraire, ça revient au même). Ils ont décidé comme on le fait maintenant couramment en France d’unir leurs patronymes et de le léguer à leurs enfants. Et ce nonobstant le ridicule dont cette union était l’origine.
Ils ont de ce fait négligé cette réalité de l’attachement intime qui nous unit à notre nom. Attachement qui rend insupportable non seulement les rires ou les jeux de mots sur notre nom, mais encore les erreurs de prononciations et les fautes d’orthographe.
Notre nom exprime quelque chose de nous, au point que certains vont justement en changer pour échapper à ce que celui-ci dit d’eux – non seulement pour masquer une origine ethnique, mais encore pour refuser de porter le nom du père (comme Picasso) (2).
On peut au contraire le revendiquer comme un blason sur le quel s’inscrit notre qualité, notre noblesse, notre caractère, issus de la lignée à la quelle ce patronyme nous rattache.
L’identité est d’abord ce qui est inscrit sur la carte du même nom, et ce n’est pas un hasard dû à nos institutions. (3) Il en résulte que les lois sur l’attribution du patronyme – et du « matronyme » – aux enfants est une loi qui porte sur nos mentalités beaucoup plus qu’on ne le croirait.
(1) Sur la vérité comme arme fatale, voir le label vérité (ici)
(2) Changement parfois imposé par la commodité, comme Claude Lévi-Strauss qui, durant son exil américain dans les années 40, avait choisi pour ne plus être importuné par des questions lassantes de s’appeler Claude L. Strauss.
(3) Pour une discussion sur l’identité, voir ici
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