Aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse ? / Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ?
Alfred de Musset – La coupe et les lèvres
J’avais je l’avoue tendance à considérer que Musset était un gros malotru d’affirmer que la femme aimée ne comptait que pour les jouissances qu’elle pouvait apporter à son amant, et que la réduire à n’être que ça était une inconcevable muflerie.
Et puis j’ai retrouvé cette lettre parmi d’autres dans la correspondance intime d’une amie hélas décédée.
Et j’ai changé d’avis.
" Mon cher amour,
Voici dix jours que je vous ai quitté et je me languis de vous.
… Dix jours sans vous et je sens mon amour grandir de plus en plus. En même temps que mes ecchymoses cicatrisent, le souvenir de votre troublant regard me revient et me hante. Plus que jamais j’aime vos yeux égarés, vos cheveux rares et votre nez tordu. Mes amies ricanent en vous voyant parce que parait-il, vous êtes étrangement laid. Mais, mon cher amour, c’est là votre force et votre originalité…
Voyez-vous, amour chéri, ce que j’aime pardessus tout c’est le sentiment qui naît et qui me submerge quand je pense à vous. Au fond, comme les grands romantiques, je crois qu’une passion assumée vaut mieux qu’une passion assouvie. Le désir que j’ai de vous est plus fort que la jouissance que j’éprouve en votre compagnie, et d’ailleurs c’est le désir qui m’emporte plus que les coups et les humiliations que vous me faites subir.
Restez où vous êtes mon chéri, loin, si loin... Et comme Don Quichotte laissez moi rêver de Dulcinée…"
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