O Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre! / Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons! / Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, / Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons!
Baudelaire – Les fleurs du mal – Le voyage VIII
On a peut être tort de citer ce passage qui clôt ce cycle de poèmes intitulé Le voyage, tant son sens est lié à l’ensemble des poèmes qui le précèdent (1)
J’ai dit : son sens – et non sa force.
Car qu’on le veuille ou non, si ce quatrain nous fascine tant, c’est que la mort y apparaît comme une aventure. Comme une façon de quitter un monde morne et ennuyeux pour des rivages plus mystérieux, plus excitant. Oui ! La mort est une aventure excitante, tâchons de ne pas louper le départ.
On pourrait se plaindre que j’attise le désir de suicide, que je pousse comme les gourous fanatiques du Temple Solaire à tenter « le grand transit vers Sirius » (cf. ici), voire même à s’asphyxier collectivement dans une voiture comme les japonais.
Loin de moi cette intention ! Mais j’observe que la pensée de la mort, considérée par les épicuriens (et beaucoup d’autres) comme une pensée mortifère et qui ruine l’existence, pourrait bien être un excitant de la vie. Bien sûr, il ne s’agit pas de dire que mourir est réellement une expérience excitante. Mais que ce qui nourrit notre imaginaire peut fort bien plonger ses racines dans la part la plus obscure de notre vie, celle qui longe la frontière de la mort.
Du moins c’est bien ce que pensait Baudelaire – et je crois bien aussi Rimbaud.
(1) Tenons compte aussi du fait que nous avons là la fin du dernier poème des Fleurs du mal.
3 comments:
Peut-être aussi que ce sont les pensées de mort qui étrangement nous appellent à la vie. Les pensées de mort sont l'extrême des pensées de vie, elles sont selon moi l'expression d'un désir de vie,d'amour,de passion,d'émotions belles qui à ce moment là, font cruellement sentir leur absence. Choisir de vivre sa vie dans son intensité la plus extrême fait parfois très mal. J'ai aimé ma mère à en mourir, et si je ne fais pas attention, mon amour pour elle pourrait m'emmener trop loin, mais c'était un choix, l'aimer à en mourir, l'aimer au delà de toute raison, en risquant ma peau.
http://www.youtube.com/watch?v=oQVWbpcKMWQ
it's a heartache...oui nothing but a heartache maman et tous ceux que j'ai trop aimé, du reporter de guerre, en passant par le directeur de presse internationale le trader, l'agent et mon père, it's heartache mais on guérit, oui on guérit,parce que vous aimer c'est aimer le pouvoir et aimer le pouvoir, ça veut dire souffrir, car le pouvoir n'a pas d'âme, le pouvoir va trop loin, il déchire le coeur,il n'a pas d'âme, il prostitue ses émotions pour de l'argent, Then he lets you down.
It ain't right with love to share
When you find he doesn't care for you.
It ain't wise to need someone
As much as I depended on you.
and it's a heartache parce que je ne suis pas assez québécoise et juste trop américaine ou italienne ou je ne sais plus, que vous m'avez emmenée dans votre monde alors que je n'étais juste pas capable d'y survivre, it's a heartache but you just don't care, now i know, you just don't care.
Belles pensées… Il est caractéristique que les plus grandes émotions soient non pas des émotions « pures » mais des émotions composites comme celle justement qui est enfantée par l’union de l’amour et de l’a mort.. Eros et Thanatos, l’union des contraires, mais qui sont en réalité complémentaires et qu’il les faut tous les deux pour qu’existe un être humain…
Il fut un temps où l’on mourait d’amour, comme les héros romantiques (Goethe - les affinités électives).
Je croyais ces temps révolus. Vous précieux message me dit qu’il n’en est rien.
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