- Je t’aime. Il s’agit du chant ou de la profération jouissive (la jouissance ne se dit pas, elle parle) et répétée du cri d’amour. Je t’aime est jeté dehors d’un seul mouvement, d’un seul mot. On ne peut que l’apostropher, lui donner l’expansion d’un prénom.
Roland Barthes – Fragments
d'un discours amoureux
Spécial saint Valentin
Ho-Hé ! Les
amoureux ! Demain, c’est la Saint-Valentin, et La Citation-du-jour va continuer
à vous aider à vous y préparer.
o-o-o
Vous voudriez comprendre comment ça marche,
l’amour ? Et par exemple pourquoi quand vous dites à votre tendre aimé(e) « Je
t’aime » elle (lui) ne trouve à répondre que « Je t’aime ».
Vous trouvez ça monotone ? Sans imagination ?
Un peu cucul, quoi ?
Mais non ! Pas du tout ! Parce que je t’aime n’est pas une formule
explicative, ni descriptive, ni même un vœu. Je t’aime est le chant ou plutôt la profération jouissive qui
accompagne ce sentiment délicat et dévastateur qu’est l’amour.
Je t’aime est,
nous dit Barthes, un seul mot, jeté
dehors comme un cri animal. Notez que Roland Barthes avec toute la
délicatesse qui le caractérise ajoute que, si c’est un cri, c’est un cri d’amour
– et qu’il convient plutôt de dire qu’il s’agit d’un chant. Mais au fond, c’est
pareil : il s’agit d’une manière d’être de l’amour, tout comme le
rugissement du lion ou le feulement de la lionne.
Au point qu’il faudrait dire non pas « Je
t’aime » mais plutôt « jetaime »
voire même « jetaiaiaiaime ».
Ce n’est pas tout : Roland Barthes ajoute qu’il
n’est que le prénom pour posséder cette charge émotionnelle. Au point
qu’au-dessus du « Je t’aime », il n’y a que « Je t’aime Valentine »
…Quoique… Il arrive que le coup de foudre soit si soudain
que l’information des amoureux n’aille pas jusque-là :
Montage le Post | © Steve Prezant/CORBIS/Steve Prezant
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