Ni le soleil, ni la mort ne peuvent se regarder en face.
Sentence attribuée à
Héraclite (Voir aussi la Maxime 26 de La Rochefoucauld)
Escher -Eye (1946)
On nous explique très doctement que la technique de
Escher consistait à se représenter lui-même tel qu’observé dans un miroir
convexe (comme l’est un miroir pour se raser). Bon – Admettons. Mais nous, on
voudrait bien savoir ce que signifie la tête de mort qui apparait au fond de la
pupille.
On peut bien sûr prendre cette image au premier
degré : c’est l’œil d’Hamlet que
nous voyons, au moment de sa célèbre tirade : To be, or not to be…
C’est alors que l’interdit Héraclitéen joue à
plein : effrayant face à face de l’homme et de la mort – car c’est
toujours de sa propre mort qu’il
s’agit… Mort, dit Hamlet, mort, dis-moi : pourquoi as-tu accepté de vivre
si longtemps ?
On peut aussi la prendre dans un sens un peu
différent : l’œil n’est plus le miroir, mais la fenêtre qui donne à voir
l’âme qui se trouve derrière. La tête de mort n’est plus alors une allégorie de
l’avenir, mais une mise en évidence de la réalité : ce n’est plus la mort
qui se profile, mais la mortalité de l’homme.
D’ailleurs, cette tête en os, n’est-elle pas la
nôtre ? Car elle existe déjà ;
certes, on ne la voit pas, mais elle est là, en attente d’être dégagée de ce
fatras de chair par le trépas…
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