…il est également vrai de dire que, toutes choses égales, ceux qui savent manger, sont comparativement de dix ans plus jeunes que ceux à qui cette science est étrangère. Les peintres et les sculpteurs sont bien pénétrés de cette vérité, car jamais ils ne représentent ceux qui font abstinence par choix ou par devoir, comme les avares et les anachorètes, sans leur donner la pâleur de la maladie, la maigreur de la misère et les rides de la décrépitude.
Brillat-Savarin – Physiologie
du goût, 1825, p. 146.
Abstinence :
on la pratique couramment pour recouvrer ou conserver la santé.
Oui, mais : et si elle était mauvaise pour la santé ; en particulier
pour ceux qui font un régime impliquant des privations alimentaires ? Les
peintres dit Brillat-Savarin représentent ceux qui font abstinence … comme les
avares et les anachorètes, avec la pâleur de la maladie, la maigreur de la
misère et les rides de la décrépitude. Brrr…
Vérifions :
La tentation de
Saint-Antoine de Jérôme Bosch.
Bien difficile de contredire Brillat-Savarin : pour
être en bonne santé, il faut manger à sa faim, boire à sa soif, copuler au
printemps, faire la sieste en été, etc… Dépenser – se dépenser – et
consommer : voilà un principe frappé au coin du bon sens et qui ne demande
pas de longues méditations pour être entendus.
Pourtant s’il faut encore et encore le répéter, c’est parce
qu’une tendance adverse, nourrie (si l’on peut dire) par des principes moraux
ou religieux nous enseigne le contraire.
Pourquoi se fatiguer à suivre des régimes compliqués ou
privatifs, si ce n’est parce qu’une certaine transcendance les protège ?
Tous les régimes ne sont pas de ce gabarit, mais certains ont bien une
résonnance religieuse : ne pas ingérer – et ne pas faire ! – ce qui risque de nous transformer de façon
mauvaise.
1 – Ne pas consommer de nourriture impure sous peine de
devenir soi-même impur ; ou alors éviter ce qui d’une façon ou d’une
autre, nous mettrait en contradiction avec les lois de l’Univers. Telle était
la macrobiotique des années 60 qui visait à maintenir en nous l’équilibre entre
le Yin et le Yang. L’avantage étant que ça maintient la santé : on se
doute que bâfrer comme un porc, ça n’est pas non plus très bon, et que
Brillat-Savarin doit apporter des correctifs à son principe sous peine de voir
ses adeptes succomber à des crises de goutes.
Pourtant, manger selon les exigences de notre nature – obéir
à ses besoins, suivre ses désirs : quoi de plus simple ? Faut-il donc
une science comme le dit Brillat-Savarin ?
Oui, certes, car on voit bien que suivre les préceptes
macrobiotiques, ça pose la question de savoir à quelles abstinences il faut se
soumettre : c’est qu’il est bien difficile de suivre la nature si ce n’est
pas seulement notre nature, mais
celle dans laquelle nous sommes intégrés.
2 – Quant à savoir à quel moment il est impur de copuler, on
sait que le Carême est une période où forniquer risque d’engendrer des enfants
lépreux.
A propos : le Carême 2014, c’est pour bientôt (1) :
il ne va pas falloir trop trainer si vous voulez éviter d’avoir beaucoup de
courrier en retard…
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(1) Le carême débutera le 5 mars 2014, jour du mercredi
des Cendres et se terminera pour Pâques le dimanche 20 avril 2014.
1 comment:
La goutte est plus fréquente
chez l'homme et augmente en
fréquence avec l'âge. Elle
touche près de 1 % de la
population. Elle se déclenche
typiquement chez les hommes
pléthoriques (mangeant
beaucoup et ne faisant pas
d’exercice) à partir de 50 ans.
Sa fréquence tend à
s'accroître, probablement en
rapport avec la longévité en
augmentation et le mode de
vie. (Wikipédia)
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