Nous ignorons tout des origines de la vie ; mais nous n'en savons pas davantage sur celles d'un caillou ou d'un atome de carbone.
Paul Valéry –
Cahiers
De la vie à l’atome, nous ignorons encore maintenant tout
des origines.
Au fond, ce qui étonne dans cette phrase de Valéry, c’est
qu’en un siècle cette question ait disparu de notre horizon. Qui donc
s’interrogerait aujourd’hui sur l’origine – que ce soit celle de la vie ou
celle de l’atome de carbone ?
--> Ou plutôt, qui donc s’ingénierait à trouver une
certitude scientifique à propos de l’origine première de la vie – ou du carbone ? Car n’est-ce pas, il y a
bien des savants théologiens pour nous dire de quoi nous sommes faits et d’où
nous venons – et comment le monde est apparu, etc…
Si nous avons renoncé à en savoir autant, c’est déjà
parce que la science nous détourne de savoir pourquoi les choses existent pour
se borner à la question « Comment ? »
– car répondre à la question de l’origine, c’est répondre à la question « Pourquoi ? »
o-o-o
Cela, Auguste Comte nous l’avait déjà expliqué il y a
cette fois nettement plus d’un siècle.
Ce que nous avons appris depuis, c’est que la question de
l’origine vient buter sur une autre difficulté : comment définir l’objet dont
nous cherchons l’origine.
Certes pour l’atome de carbone, ça ne fait pas de
problème (1). Mais pour la vie ? A quoi reconnaitre la vie dans ses
premières manifestations ? La paramécie est bien trop évoluée.
Cherche-t-on des traces d’ADN ? C’est peut-être déjà beaucoup trop
compliqué : il faut remonter plus haut, c’est-à-dire là où la distinction
entre la matière inerte et la vie se fait à peine. En tout cas, c’est ça qu’on
recherche sur Mars
Ce genre de difficulté est encore plus manifeste avec la
réflexion sur l’origine de l’homme. A quoi reconnaitre le premier homme ?
Quelles caractéristiques l’ont distingué des animaux, primates ou autres ?
Même les paléontologues se tapent dessus quand l’un d’eux prétend avoir trouvé
un nouveau fossile encore plus ancien que les autres.
…A quoi pouvait ressembler Adam ? Etait-il il
blanc ? Avait-il les yeux bleus ? Ces questions ne sont plus
d’actualité, car pour qu’il y ait un Adam, il faut soit que Dieu l’ait pétri dans
la glaise et lui ait soufflé dans les bronches – soit qu’un animal, un bestiau
ordinaire, ait muté brutalement et qu’une de ses femelles ait mis bas le
premier homme.
Aujourd’hui, on sait qu’il n’y a pas eu « un » premier homme, mais « des » premiers hommes, sans doute
en compétition entre eux : et nous, messieurs-mesdames, on aurait pu
s’appeler Monsieur Neandertal plutôt que Monsieur Sapiens.
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(1) Reste qu’il n’existait pas lors du Big-Bang. Alors
dans quelle étoile est-il né ? Dans quelle forge céleste ? Sous
quelles conditions ? En faire une chanson, c’est peut-être possible, mais
une thèse de doctorat, plus délicat.
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