Tout l’art d’un gouvernement consiste en sa capacité à être
honnête.
Thomas
Jefferson
Une question devenue prioritaire en ce moment est bien
celle-ci : devons-nous récuser les candidats à la présidence de la République qui ne seraient
pas tout à fait honnêtes ? Nous avons dans l’esprit l’affaire Fillon (1),
mais on pourrait aussi bien citer d’autres cas où le Président Français s’est
trouvé mêlé à des affaires tout aussi embarrassantes (2). La question la plus
urgente n’est plus : « Où trouver un homme d’Etat honnête ? »,
mais plutôt « Ce candidat a-t-il commis un délit qui le disqualifie comme homme d’Etat ? »
On le voit bien, lors des meetings de soutien à François
Fillon, ses supporters pleurent le candidat irremplaçable qu’il reste à leurs
yeux. Ce qu’ils disent, c’est qu’on n’avait rien à lui reprocher, et que, même si
c’était le cas, ça n’aurait pas d’autre importance que de montrer qu’on a voulu
l’abattre et donc qu’il est réellement fort puisque redouté de ses ennemis
politiques.
Et donc je reprends à mon compte cette question : Pourquoi
penser que monsieur Fillon est disqualifié pour avoir piqué dans nos poches de
l’argent qui aurait dû être employé autrement ? Redoute-t-on qu’il
recommence depuis l’Elysée si d’aventure on l’élit quand même ? Regardez
Jacques Chirac, le bon grand père que la France entière pleurera quand il
passera dans l’autre monde : lorsqu’il était Président il a bien financé ses
vacances dispendieuses à l’Ile Maurice avec de l’argent public et dilapidé en
« frais de bouche » les crédits de l’Elysée. Qu’est-ce que ça
prouve ? Allons-nous demander aux politiciens de fournir un certificat de
moralité ? Est-ce un gage d’efficacité ? Regardez les américains
quand, après avoir forcé à la démission Nixon-le-menteur (on l’appelait alors
« Tricky-Dick), ils ont élu Jimmy Carter pour sa réputation d’honnêteté à
toute épreuve – Ça n’a pas suffi à faire de lui un grand président.
Alors ? Admettons une bonne fois que la capacité à
gouverner et l’honnête ne font pas forcément bon ménage et qu’à condition de
recompter les petites cuillères en argent de l’Elysée après son passage (3), il
n’y a pas d’inconvénient à élire monsieur Fillon … si toutes fois il a un bon
programme. Mais de ça, on ne discute pas en ce moment.
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(1) Pour ceux qui ne seraient pas en France en ce moment,
lire ici.
(2) Voir cette compilation « Les grandes affaires » du Canard enchaîné. Compilation à la
quelle il faut ajouter bien des nouveaux chapitres, tels l’affaire Urba (le P.S. sous Mitterrand), les frais de bouche de l’Elysée, les emplois fictifs de la ville de
Paris, les vacances à l’ile Maurice (Chirac), l’affaire Bygmalion (Sarkozy – affaire en cours)... et beaucoup d'autres que je prendrai pas le temps de citer.
(3) Si on élit DSK, on adaptera cette précaution en dotant les femmes de ménage de l’Elysée d’un Taser.
(3) Si on élit DSK, on adaptera cette précaution en dotant les femmes de ménage de l’Elysée d’un Taser.
1 comment:
Billet qui prouve avec brio que le philosophe combat l'opinion commune. C'est aussi pour cela qu'il ne saurait être associé au pouvoir.
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