Thursday, December 21, 2006

Citation du 22 décembre 2006

Le démon de l'acédie…. Il s'attaque au moine vers la quatrième heure et encercle son âme jusqu'à la huitième heure… Il commence par faire que le soleil semble ne pouvoir se déplacer qu'à peine, ou pas du tout, donnant ainsi l'impression que la journée a cinquante heures…. Il l'amène aussi au désir d'autres lieux, dans lesquels on peut facilement trouver ce dont on a besoin, et d'exercer un métier plus facile et qui marche mieux.

Evagre le Pontique

Vous êtes fatigué, irritable, les fêtes vous ennuient la perspective de leur fin vous déprime (cf. message du 13 février). Peut-être êtes vous acédique ? Je ne veux pas suggérer que vous êtes chômeur, non, je veux dire : vous êtes peut-être affligé d’acédie, cette tristesse si bien décrite au cours de l’histoire (ici par un ermite du désert d’Egypte), et qui frappait essentiellement les moines reclus dans leur cellule.

Il s’agit en effet d’une maladie psychologique qui affecte plus particulièrement les moines : l'acédie monastique est la tristesse devant les biens spirituels essentiels de l'homme, c'est–à–dire devant la particulière dignité spirituelle qui lui a été conférée par Dieu. Mais les symptômes décrits ont une ressemblance tellement évidente avec ceux de la dépression nerveuse qui affecte nos contemporains, qu’on ne peut éviter d’y voir une identité à peine nuancée par les différences liées au genre de vie et aux préoccupations des moines (d’ailleurs, on peut supposer qu’elle concernait aussi d’autres groupes, mais qu’elle n’y était pas décrite). Tout se passe comme si ce n’était pas une maladie psychologique, donc forcément liée à l’environnement, mais une maladie du cerveau.

Si en effet malgré les bouleversements de l’histoire la dépression « nerveuse », se manifeste par des symptômes similaires, alors on est en droit de supposer que l’organisation physiologique du cerveau est en cause. Les revues scientifiques regorgent d’articles relatant les découvertes attestant qu’il y a des zones du cerveau qui sont responsables de nos états affectifs, et que des lésions ou des substances chimiques les affectant entraînent des modification substantielles du comportement. On sait, par exemple, que la « castration » par éradication d’une zone très précise de l’encéphale a été utilisée pour lutter contre les déviations sexuelles criminelles.

La question est : jusqu’où y croit-on? Croit-on que l’autisme soit une maladie génétique ? Croit-on que l’homosexualité soit liée à un gène ? Croit-on que les criminels soient des « super mâles » XYY ?



2 comments:

Anonymous said...

Attention à ne pas confondre phénomène d'origine cérébrale et phénomène d'origine génétique.
On sait que le cerveau est l'organe dont la formation est la moins déterminée génétiquement, et la plus déterminée par l'environnement.
Certes, on peut considérer qu'on ne fait que remplacer un déterminisme génétique par un déterminisme environnemental, mais ce n'est tout de même pas la même chose. Il est intéressant de noter que les partisans du déterminisme génétique sont plutôt de droite, et que les partisans du déterminisme environnemental sont plutôt de gauche...

Jean-Pierre Hamel said...

Bien sûr, nous sommes d'accord là dessus.
Ce que je voulais dire, c'est que, si l'environnement change (nous ne sommes plus des anachorètes du désert Egyptien), mais que néanmoins certains comportemetns ou états affectifs restent identiques, alors nous devons nous se demander si l'organisme, donc l'héritage génétique n'est pas en cause.