Monday, April 20, 2009

Citation du 21 avril 2009


Même ses amants, qui étaient les seuls à avoir le droit de murmurer son prénom, disent, depuis 2002 (allez savoir pourquoi ?!), Miss.Tic. "Il n'y a plus que le fisc et les flics qui connaissent ma véritable identité."

Véronique Cauhapé – Portrait (le Monde du 16 avril 2009

Photo Tina Mérandon pour le Monde

Miss.Tic, même ses amants ne connaissent pas sa « véritable » identité : quoi d’étonnant ? George Sand quand elle écrivait des lettres – et même à des intimes – signait George et non pas Aurore.

Moi qui ne suis ni flic ni percepteur je n’en sais pas plus que vous, mais au fond, quelle importance ? Je veux dire, s’agissant d’un artiste, comment l’identifier – s’il le faut – autrement qu’à son œuvre et rien d’autre. Que Picasso ne se soit pas vraiment appelé ainsi, mais plutôt Ruiz-Picasso, qu’elle importance (à moins qu’on ne pense que la psychanalyse ait quelque chose d’essentiel à dire sur ses tableaux) ?

Allons un peu plus avant dans la question de l’identité.

Croyez-vous vraiment Miss.Tic quand elle dit que ces fonctionnaires sont les seuls à connaître sa véritable identité ? Qu’est-ce donc que l’identité véritable ?

Pour vous, pour moi, c’est ce que mes intimes connaissent – et encore.

Et pour un artiste ? On a déjà répondu : la personnalité de l’artiste, c’est son œuvre, et c’est vrai. C’est vrai, mais c’est insuffisant. Car alors, il faut dire que lui-même, son corps, sa voix, les méandres de son existence – que sais-je encore ? – son aussi son œuvre (1)

Regardez la photo publiée par le journal : croyez-vous qu’un policier saurait en tirer une fiche pour les R.G. ?

Seulement, si on ne peut tirer de cette photo une fiche anthropométrique, il nous reste à y voir un portrait.

Et comme – coup de chance – nous ne sommes pas des policiers, ça nous va tout à fait.


(1) Sans vouloir faire étalage de pédanterie, on rappellera que faire de la vie quotidienne une œuvre d’art, c’était le vœu de Proust.

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