Aidons-nous mutuellement, / La charge des malheurs en sera plus légère
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Jean-Pierre Florian – L'aveugle et le paralytique
Dites donc, si vous deviez porter un homme, vous feriez comme l’aveugle de cette statue ? Bizarre…
Mais l’essentiel n’est pas là : demandons nous plutôt si la fable de Florian présente un intérêt autre que celui d’édifier les petits (tout-petits) enfants.
La question est déjà de savoir si elle pourrait trouver facilement à s’exercer. Car, évidemment, le cas de l’aveugle qui marche – mais qui ne voit rien, et du paralytique qui voit – mais qui ne marche pas, est privilégié, chacun disposant de ce qui justement manque à l’autre.
Mais peut-on si facilement faire du troc de services ? Moi, j’ai tenté d’échanger des cours de philo contre des travaux de plomberie. Echec… (1)
Maintenant supposons que pour faciliter l’échange, on dise que l’entraide consiste à mutualiser les ressources entre des gens qui disposent des mêmes moyens.
Vous allez me dire : « A quoi ça sert ? Si nous avons deux hommes également capables de marcher, pour quoi l’un porterait-il l’autre ? Est-ce qu’on ne serait pas revenu au gag de La grande vadrouille ?»
Hé bien, pas nécessairement. Parce que, justement, ça sert à ce qu’un seul des deux se fatigue, oui, mais à condition que l’autre lui rende le même service ensuite.
C’est exactement ce qu’on fait dans le co-voiturage.
(1) Même les argentins qui ont développé un service de troc à grande échelle lors de la terrible crise financière de 2001 – quand le peso ne valait plus rien – ont été obligés de créer une « monnaie » représentant le service rendu, afin de décaler l’échange de service.
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