O ma mère et ma nourrice ! / Toi dont l'âme protectrice / Me fit des jours composés / Avec un bonheur si rare, / Et qui ne me fus avare / Ni de lait ni de baisers !
Théodore de Banville – A Ma mère
Je voulais réserver ce poème pour le citer à la fête des mères ; et puis en le relisant plus attentivement, j’ai compris que le propos de Théodore de Banville était tout autre que celui de louer sa maman : il est de décrire son « vécu » de poète mal aimé.
Oui, c’est vrai Théodore loue la bonne mère, celle qui, à l’opposé de la marâtre, n’est avare ni de lait ni de baisers. Mais, passée cette première strophe, le poème se développe dans une tout autre direction.
Permettez que je paraphrase le poème – et bien sûr, gardez un œil sur le texte pour vérifier que je ne me trompe pas.
Donc Théodore dit en substance : « je passe pour un minable pleurnichard, et les railleurs se moquent de moi. Toi seule maman tu sais apprécier mes poèmes et c’est grâce à toi que j’ai vaincu le doute semé par ces mauvais lecteurs.
C’est vrai, maman, je ne suis pas reconnu comme grand parmi les grands poètes. Mais ce qui compte pour moi, c’est que tu juges suffisamment glorieux les brins de laurier que j’ai pu te rapporter. »
Qu’attendons-nous de notre maman ? Du lait ? Des baisers ? Ou bien la fierté d’être la maman de ce fils/fille-là ? Quelle est donc la vérité ?
Je crois qu’on se trompe quand on dit que pour le petit enfant sa maman est la plus belle du monde. Certes les mamans se flattent de trouver cet amour au fond du regard de leur petit. Mais si vous vous interrogez avec sincérité sur vos propres sentiments, n’allez-vous pas, comme Théodore de Banville, avouer que ce qui compte vraiment, c’est que votre maman soit fière et heureuse d’avoir un fils/fille comme vous.
Et je suppose que les pires criminels, même ceux qui ont torturé et massacré un tas de pauvres gens, ont eux aussi cette pensée secrète que nous livre le poème de Théodore de Banville : - [Maman], Sois fière [de moi], je suis heureux.
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Allez : comme on est en vacances je vous propose un moment de divertissement en chanson : la maman de maman – de Didier Bénureau, qui est le fils naturel de Bourvil et de Boby Lapointe.
Et que ceux que j’aurais froissés se consolent avec Luis Mariano…
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