ma vengeance est perdue/ S'il ignore en mourant que c'est moi qui le tue.
Racine – Andromaque (Acte IV, scène IV)
Je me rappelle encore des délicieux moments passés durant mon enfance à lire Le comte de Monte-Cristo. Le plaisir que j’éprouvais tenait au récit de la vengeance d’Edmond Dantès, qui est un ressort essentiel du roman. Le meilleur du meilleur n’est-il pas quand, au moment ou le traître, tombant dans le piège tendu par notre héros, celui-ci enlève son masque et apparaît en officier de marine victime de sa machination ? Un peu mélodramatique, mais très efficace. Comme Clovis fracassant la tête du soldat en lui disant : « Rappelle-toi du vase de Soisson… ».
La vengeance est donc personnelle, à la différence de la sanction judiciaire qui est par définition impersonnelle. (Voir Post d’hier). Personnelle, ça veut dire : qui implique un rapport entre deux personnes.
La vengeance suppose donc un rapport à autrui, quelque chose qui, comme le désir, apporte une jouissance à condition d’avoir un objet bien spécifique : l’Autre.
Au fond, c’est ça qu’il faut retenir : ma vengeance n’est une compensation du mal qu’on m’a fait subir que dans la mesure où à cette douleur correspond le plaisir de faire souffrir celui qui en est responsable. C’est ainsi que Nietzsche rappelait que chez les romains, le criminel était livré à ses victimes pour qu’elles en jouissent comme bon leur semblait : soit en le réduisant en esclavage, en le torturant, en le faisant périr à petit feu… C’est là que la punition trouvait sa véritable signification.
Lorsqu’on n’imagine pas d’autres compensation possible, alors on est dans le système de la vendetta.
No comments:
Post a Comment