Sunday, March 16, 2014

Citation du 17 mars 2014


La beauté rehaussée de naïveté est ineffable, et rien n'est adorable comme une innocente éblouissante qui marche tenant en main, sans le savoir, la clef d'un paradis.
Victor Hugo – Les Misérables (1862)
« …une innocente éblouissante tenant en main, la clef d'un paradis ».
Hé-Hé… Quand on sait que Victor Hugo jouissait d’un tempérament de feu, on imagine facilement quel était le paradis possédé par cette belle innocente – et à quelle porte il cognait pour entrer.
- Mais, bon, ne perdons pas de vue l’essentiel : la beauté se trouve rehaussée par la naïveté. Sachant que la naïveté désigne ce qui est naturel, premier ou initial, on devine qu’il s’agit d’une belle jeune fille dont la beauté est à la fois candide et inconsciente d’elle-même. Ce qu’on reproche aux femmes, ce n’est certes pas leur beauté ; c’est leur vanité représentée dans les tableaux d’autrefois par une femme qui se contemple dans un miroir.

- La beauté pour exister nécessite un jaillissement naturel qui exclut le retour sur soi de l’auto-admiration.
C’est en ce sens qu’on parle aussi de la beauté animale dont jouissent parfois les humains : c’est une beauté qui ne se regarde pas elle-même – mieux : elle ne se « machine » pas en fonction d’un regard extérieur sur elle-même.
Et pour le spectateur ? Pour celui qui, comme Victor, regarde passer dans un éblouissement la jeune fille qui tient la clef du paradis ? Eh bien, il  ne peut que contempler, sans rien dire.
--> C’est ce qu’on appelle le charme, ce à quoi on succombe sans un mot : car un mot quel qu’il soit serait déjà de trop.
Le charme, c’est ce qui s’évanouit et se brise pour un rien.
Devant la beauté de cette belle fille qui émeut Victor Hugo, la seule attitude possible, c’est la contemplation silencieuse.

No comments: