Je
le supris [Reverdy] habillé comme un milord, dans une boîte de nuit (...),
s'écoutant parler de poésie, se prenant pour le nombril du monde, pontifiant.
Cendrars – Bourlinguer (1948)
Au-dessous
du nombril, il n'y a ni religion ni vérité.
Proverbe italien
On
considère généralement le nombril comme symbolisant le centre : celui du
monde, ou plus modestement, celui de l’homme.
Toutefois,
si on passe du symbole à la réalité, on peut se demander : le nombril
est-il le centre du corps de l’homme ? Même si on ne prend pas ce centre
pour une origine liée à la naissance (1), cette certitude était étayée par une
étude de Vitruve, dont voici l’analyse : « Vitruve, architecte de la Rome impériale, était
convaincu qu’un homme se tenant bras et jambes écartées s’inscrit parfaitement
dans un cercle et un carré, soit les figures géométriques parfaites ; dans
un cas comme dans l’autre, selon celui-ci, le centre du corps ne peut être que
le nombril. »
Ce que Leonard de Vinci voulut vérifier en traçant ce célèbre dessin :
Leonard de
Vinci – L’homme selon Vitruve
« Or en dessinant "l'homme
de Vitruve", l'un des dessins les plus célèbres du monde, Léonard de Vinci
prouve que la figure humaine peut, certes, s'inscrire dans un cercle comme dans
un carré, mais seulement à condition que les deux formes ne soient pas
concentriques, car le centre du corps varie selon les cas de figure : c'est
bien le nombril pour le cercle, mais il se situe au niveau du pubis pour le
carré » (A lire ici)
Voilà : malgré toutes les imprécations que je vais m’attirer, je
dois souligner ce fait : l’homme a deux centres, l’un qui est en effet le
nombril ; et l’autre qui est le pubis – avec tout le bazar qui s’y trouve.
Est une raison pour dire : « Au-dessous
du nombril, il n'y a ni religion ni vérité. » ?
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(1)
Pour mémoire, chez Platon le nombril provient non de la naissance, mais de la
cicatrice laissée par la coupure qui a séparé les androgynes en deux êtres
différents (Banquet, texte à lire ici)
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