Wednesday, March 19, 2014

Citation du 20 mars 2014

Le printemps maladif a chassé tristement / L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide / Et, dans mon être à qui le sang morne préside / L'impuissance s'étire en un long bâillement.
Stéphane Mallarmé – Renouveau
Aujourd’hui, c’est le Printemps !
Youpiiiiiiiiiiiii ! Euh……….. Non, hélas – trois fois hélas !  – car L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide, n’est plus !
Le sonnet de Mallarmé met en scène un vieillard fourbu et maladif qui faute de pourvoir vivre en son corps les élans que suscite habituellement le printemps, regrette l’hiver qui correspondait mieux à la réalité de son pauvre corps. C’est un peu le même mécanisme qui explique les dépressions saisonnières celles du moins qui culminent au printemps plutôt qu’en automne.
o-o-o
Ça, c’est l’analyse du poème de Mallarmé que vous trouverez partout. Mais, cher lecteur, dites-moi : si vous venez lire ce Blog, ce n’est certes pas pour lire ce qu’on trouve partout.
--> Et si malgré tout, en perdant l’hiver,  nous perdions vraiment quelque chose ? Quelque chose comme la sérénité, comme la lucidité ? Comme la tranquillité de l’âme, dépourvue des élans passionnels du printemps. Car c’est sûr, poésie ou pas, le printemps n’est pas seulement la saison des coucous et des lilas ; c’est aussi la saison des hormones, de la testostérone, des œstrogènes, lulibérine et autres (1) : Méfiez-vous ! Vous risquez de perdre la raison et votre vertu en poursuivant une illusion que ne survivra pas au printemps : parce que le printemps aussi ne durera pas – pas plus que l’hiver…
Avons-nous épuisé le sens du poème de Mallarmé ? Certes pas, car on y joue aussi un air bien connu : comme Rimbaud, qui imagine son Dormeur du Val mort, affalé dans un champ de coquelicot, Mallarmé joue sur le contraste entre la vie exacerbée au sommet de son jaillissement et la mort issue de l’exténuation des forces.
A ne pas confondre avec l’amoureux fou qui se fait péter l’aorte en copulant comme une bête…
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(1) Voir ici.
Au fait, je lis ça dans l’article de Wiki : « SIKPSAYLPLRF-NH2 ou GnIH (pour Gonadotropin-inhibitory hormone) est le nom d'une hormone … impliquée dans l'appétit et le comportement alimentaire, mais qui par ailleurs joue aussi un rôle sexuel. » Ça ne s’invente pas.

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