Si Sarkozy existe en tant que phénomène social et
historique, malgré sa vacuité, sa violence et sa vulgarité, nous devons
admettre que [cet] homme n'est pas parvenu à atteindre le sommet de l'Etat
malgré ses déficiences intellectuelles et morales, mais grâce à elles.
Emmanuel Todd -
Après la démocratie – 2008 (Lire en annexe ce savoureux texte)
Dans nos choix politiques quand vient l’heure du vote, ce
ne sont pas seulement nos besoins qui transparaissent ; ce sont aussi nos
désirs. « Ne vous plaignez pas, dit Todd : vous l’avez non pas
seulement voulu ; vous l’avez désiré ! » Le scrutin démocratique
nous tend un miroir et nous dit : si votre élu vous déçoit, dites-vous que
c’est pourtant parce qu’il reflétait votre image que vous l’avez choisi.
D’ailleurs, dites-moi, si notre engagement et notre
culture politiques sont également nuls – ce qui apparait dès qu’on s’accoude au
comptoir de Café-du-Commerce pour parler des prochaines élections – comment
choisissons-nous nos candidats ? Et si, comme on l’affirme souvent, ce sont
tous « des gros nuls » pourquoi voter plutôt pour Paul que pour
Pierre ou que pour Jacques ? N’est-ce pas en raison d’un charme, d’un
« charisme » que nous percevons en fonction de nos désirs ?
Bien sûr, lorsqu’Emmanuel Todd écrit ces lignes en 2008,
il n’a que le Président Sarkozy comme exemple. Mais nous, en 2014, nous avons
aussi le Président Hollande. Et on pourrait donc objecter : à qui donc
ressemblons-nous ? Au Nain-énervé
ou au Gros-mou ? Car il est
impensable que nous trouvions une image de nos désirs secrets dans les deux en
même temps !
… Impensable, mais pas impossible ! Car voilà :
certains de nos désirs nous sont inconnus ; nous avons des désirs secrets
qui sont secrets aussi pour nous. Ce
qui veut dire qu’ils sont des leviers qui nous font agir sans que nous nous en
doutions ; ceci est bien sûr vrai pour toutes sortes d’occasions
quotidiennes mais aussi pour ces occasions plus rares que sont les élections.
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Annexe :
« Si Sarkozy existe en tant que phénomène social et
historique, malgré sa vacuité, sa violence et sa vulgarité, nous devons
admettre que [cet] homme n'est pas parvenu à atteindre le sommet de l'Etat
malgré ses déficiences intellectuelles et morales, mais grâce à elles. C'est sa
négativité qui a séduit. Respect des forts, mépris des faibles, amour de
l'argent, désir d'inégalité, besoin d'agression, désignation de boucs
émissaires dans les banlieues, dans les pays musulmans ou en Afrique noire,
vertige narcissique, mise en scène publique de la vie affective et,
implicitement, sexuelle : toutes ces dérives travaillent l'ensemble de la
société française ; elles ne représentent pas la totalité de la vie sociale
mais sa face noire, elle manifeste son état de crise et d'angoisse. » E.
Todd
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