Tuesday, March 18, 2014

Citation du 19 mars 2014



Si Sarkozy existe en tant que phénomène social et historique, malgré sa vacuité, sa violence et sa vulgarité, nous devons admettre que [cet] homme n'est pas parvenu à atteindre le sommet de l'Etat malgré ses déficiences intellectuelles et morales, mais grâce à elles.
Emmanuel Todd - Après la démocratie – 2008 (Lire en annexe ce savoureux texte)
Dans nos choix politiques quand vient l’heure du vote, ce ne sont pas seulement nos besoins qui transparaissent ; ce sont aussi nos désirs. « Ne vous plaignez pas, dit Todd : vous l’avez non pas seulement voulu ; vous l’avez désiré ! » Le scrutin démocratique nous tend un miroir et nous dit : si votre élu vous déçoit, dites-vous que c’est pourtant parce qu’il reflétait votre image que vous l’avez choisi.
D’ailleurs, dites-moi, si notre engagement et notre culture politiques sont également nuls – ce qui apparait dès qu’on s’accoude au comptoir de Café-du-Commerce pour parler des prochaines élections – comment choisissons-nous nos candidats ? Et si, comme on l’affirme souvent, ce sont tous « des gros nuls » pourquoi voter plutôt pour Paul que pour Pierre ou que pour Jacques ? N’est-ce pas en raison d’un charme, d’un « charisme » que nous percevons en fonction de nos désirs ?
Bien sûr, lorsqu’Emmanuel Todd écrit ces lignes en 2008, il n’a que le Président Sarkozy comme exemple. Mais nous, en 2014, nous avons aussi le Président Hollande. Et on pourrait donc objecter : à qui donc ressemblons-nous ? Au Nain-énervé ou au Gros-mou ? Car il est impensable que nous trouvions une image de nos désirs secrets dans les deux en même temps !
… Impensable, mais pas impossible ! Car voilà : certains de nos désirs nous sont inconnus ; nous avons des désirs secrets qui sont secrets aussi pour nous. Ce qui veut dire qu’ils sont des leviers qui nous font agir sans que nous nous en doutions ; ceci est bien sûr vrai pour toutes sortes d’occasions quotidiennes mais aussi pour ces occasions plus rares que sont les élections.
--------------------------------------
Annexe :
« Si Sarkozy existe en tant que phénomène social et historique, malgré sa vacuité, sa violence et sa vulgarité, nous devons admettre que [cet] homme n'est pas parvenu à atteindre le sommet de l'Etat malgré ses déficiences intellectuelles et morales, mais grâce à elles. C'est sa négativité qui a séduit. Respect des forts, mépris des faibles, amour de l'argent, désir d'inégalité, besoin d'agression, désignation de boucs émissaires dans les banlieues, dans les pays musulmans ou en Afrique noire, vertige narcissique, mise en scène publique de la vie affective et, implicitement, sexuelle : toutes ces dérives travaillent l'ensemble de la société française ; elles ne représentent pas la totalité de la vie sociale mais sa face noire, elle manifeste son état de crise et d'angoisse. » E. Todd

No comments: