La philosophie nous enseigne à douter de ce qui nous paraît
évident. La propagande, au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce
dont il serait raisonnable de douter.
Aldous
Huxley – Le meilleur des mondes (1958)
L'erreur préférable à l'inquiétude.
Pascal
– Pensées (Fragment Le Guern 628)
Commentaire
2.
Hier on a expliqué que la logique formelle nous donnait
plusieurs moyens de réfuter les mensonges de la propagande, dont le modus tollens, qui est d’une application
simplissime.
Bon : tout cela est très facile à faire, alors pourquoi
se laisse-t-on embobiner par des gens qui nous débitent des faussetés aux
quelles nous applaudissons ?
On dit que la propagande ne peut exister que grâce à la
complicité de ses victimes : un peu comme La Boétie affirmant que les
hommes ne subissent la domination du tyran qu’en raison de leur passivité –
voire même de leur complicité. Chacun qui voudrait faire usage de sa raison
devrait être capable de démasquer la propagande des chefs ; si on ne le
fait pas c’est qu’on préfère les mensonges dont se délectent nos obsessions aux
vérités qui nous blessent. Mais au fond, ce n’est pas la flatterie des
mensonges que nous recherchons le plus. Ce que nous recherchons par-dessus
tout, c’est la possession de la certitude, état de l’esprit qui se repose dans
la conviction de posséder la vérité. Je ne fais que répéter ce que dit
Pascal : « L'erreur préférable
à l'inquiétude. – Lorsqu'on ne sait
pas la vérité d'une chose, il est bon qu'il y ait une erreur commune qui fixe
l'esprit des hommes, comme, par exemple, la lune, à qui on attribue le
changement des saisons, le progrès des maladies, etc. ; car la maladie
principale de l'homme est la curiosité inquiète des choses qu'il ne peut savoir
; et il ne lui est pas si mauvais d'être dans l'erreur, que dans cette
curiosité inutile. » Pascal – Pensées (Fragment Le Guern 628)
Mais pour éviter tout cela il faut passer par le stade du
doute, c’est à dire renoncer à cette confortable certitude pour se retrouver en
champ ouvert exposé aux doutes et aux opinions contraires.
Même Descartes disait qu’il fallait une forte décision pour
en arriver là – ce pour quoi la fougue de la jeunesse n’était pas de trop.
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