Il n'est pas contraire à la raison de
préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt.
Hume
Sur quoi peut-on s’appuyer pour
gouverner le monde ? Sur la raison ou sur les passions ? La pédagogie
de l’action (comme on dit aujourd’hui) suffit-elle ou bien faut-il de la
carotte et du bâton ? Hume prend la question du côté de celui qui
gouverne. Laissant ce côté l’art de gouverner les hommes, il prend en
considération les mécanises du choix politique.
Et il le dit très clairement : en
matière de gouvernance, la décision politique quelle qu’elle soit met aussi en jeu l’intérêt personnel de
celui qui a le pouvoir. Et surtout, la raison qui calcule, qui évalue, qui
connaît les principes sur les quels se
font les options, qui devrait donc s’opposer à une telle dérive est malgré tout
en accord avec cela. Tirant de son image un contraste maximum, Hume en conclut
que le tyran agit ainsi, usant de sa
puissance en fonction de son agrément ou de son désagrément le plus infime.
Ce principe éclaire un point qu’on
préfère souvent garder dans l’obscurité : parmi les gouvernants
politiques, la corruption au sens large est l’état le plus fréquent (on oserait
dire : le plus normal) tant les
ressorts qui font passer l’intérêt personnel avant l’intérêt collectif sont
puissants. A ce point que les pays où les opposants au pouvoir se sont
mobilisés sur le thème de la lutte anti-corruption ne demandent en réalité que de changer de profiteurs.
Quand les biens nationaux deviennent
rapidement des propriétés privées des puissants : c’est très féodal – mais
c’est aussi très rationnel ça !
Et là dessus, que dit la raison ?
-
Que la coutume autorise la collecte des prébendes
-
Que l’exemple vient de si haut qu’on ne peut, sans remettre dangereusement en
cause l’ordre social, refuser de participer à cet « ordre ».
-
Que c’est très simple de gouverner en se faisant payer. C’est même une voie
directe infiniment plus rapide que le dédale de nos administrations, qui
accumulent les contrôles anti-corruption.
- Ah ! Vous plaisantez ! Ailleurs,
tant que vous voulez ! Mais non : pas chez nous !
Alors écoutons le libéralisme : Laissez-faire, laissez-passer –
tant que ça rapporte des sous, tout va bien. C’est l’administration tatillonne
de l’Etat qui est irrationnelle.
No comments:
Post a Comment