Thursday, July 07, 2016

Citation du 8 juillet 2016

Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt.  
Hume
Sur quoi peut-on s’appuyer pour gouverner le monde ? Sur la raison ou sur les passions ? La pédagogie de l’action (comme on dit aujourd’hui) suffit-elle ou bien faut-il de la carotte et du bâton ? Hume prend la question du côté de celui qui gouverne. Laissant ce côté l’art de gouverner les hommes, il prend en considération les mécanises du choix politique.
Et il le dit très clairement : en matière de gouvernance, la décision politique quelle qu’elle soit met aussi en jeu l’intérêt personnel de celui qui a le pouvoir. Et surtout, la raison qui calcule, qui évalue, qui connaît les principes sur les quels  se font les options, qui devrait donc s’opposer à une telle dérive est malgré tout en accord avec cela. Tirant de son image un contraste maximum, Hume en conclut que  le tyran agit ainsi, usant de sa puissance en fonction de son agrément ou de son désagrément le plus infime.
Ce principe éclaire un point qu’on préfère souvent garder dans l’obscurité : parmi les gouvernants politiques, la corruption au sens large est l’état le plus fréquent (on oserait dire : le plus normal) tant les ressorts qui font passer l’intérêt personnel avant l’intérêt collectif sont puissants. A ce point que les pays où les opposants au pouvoir se sont mobilisés sur le thème de la lutte anti-corruption ne demandent en réalité que de changer de profiteurs.
Quand les biens nationaux deviennent rapidement des propriétés privées des puissants : c’est très féodal – mais c’est aussi très rationnel ça !
Et là dessus, que dit la raison ?
            - Que la coutume autorise la collecte des prébendes
            - Que l’exemple vient de si haut qu’on ne peut, sans remettre dangereusement en cause l’ordre social, refuser de participer à cet « ordre ».
            - Que c’est très simple de gouverner en se faisant payer. C’est même une voie directe infiniment plus rapide que le dédale de nos administrations, qui accumulent les contrôles anti-corruption.
- Ah ! Vous plaisantez ! Ailleurs, tant que vous voulez ! Mais non : pas chez nous !


Alors écoutons le libéralisme : Laissez-faire, laissez-passer – tant que ça rapporte des sous, tout va bien. C’est l’administration tatillonne de l’Etat qui est irrationnelle.

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