Etre malade, c’est se sentir comme un enfant et comme un
vieillard en même temps.
Mathias
Malzieu – Journal d’un vampire en pyjama (p. 110)
Ils n'entendent point, et ma sonnette ne fait pas assez de
bruit. Drelin, drelin, drelin : point
d'affaire. Drelin, drelin, Drelin :
ils sont sourds. Toinette! Drelin,
drelin, drelin : tout comme si je ne sonnais point. Chienne, coquine! Drelin, drelin, drelin : j'enrage. Drelin, drelin, drelin : carogne, à tous
les diables! Est-il possible qu'on laisse comme cela un pauvre malade tout seul
? Drelin, drelin, drelin : voilà qui
est pitoyable ! Drelin, drelin, drelin
: ah, mon Dieu! Ils me laisseront ici mourir. Drelin, drelin, drelin.
Molière
– Le Malade imaginaire, acte I, scène 1
Quelque soit son âge, le malade est un enfant dans la mesure
où il manifeste une extrême dépendance : de même que le nourrisson crie et
pleure dès qu’il a un besoin, puisqu’il est dans l’impossibilité de le
satisfaire par lui-même, de même comme on le voit chez Molière, le malade prend
sa sonnette et appelle l’infirmière.
Mais le malade est aussi un vieillard avant l’âge parce
qu’il n’est pas seulement dans un état de grande faiblesse ; il est aussi,
comme lui, celui qui porte une attention fanatique à son corps souffrant et qui
exige de manière tyrannique d’être reconnu dans sa souffrance – et donc d’être
ménagé et aidé pour cela. Les vieux se plaignent toujours, non pas parce que ça
les soulage, mais parce qu’il attendent en retour qu’on les plaigne et qu’on
souffre avec eux par sympathie.
Certains d’entre eux jouent de cette sympathie pour
tyranniser leur famille. Tel est le comique de cette citation de Molière :
ce malade est bien incommodant d’exiger qu’on coure toute affaire cessante pour
le servir ! Devrait-on le prendre en pitié, lui qui n’en a guère pour son
entourage dont pourtant il dépend ? D’ailleurs, est-il si fable que cela
pour être capable de faire tant de bruit ? Le vrai malade meurt en silence
faute d’avoir la force d’appeler.
o-o-o
Peut-être faut-il quand même un peu plus de sérieux pour
comprendre cette citation de Mathias Malezieu. Car définir la maladie comme
l’état proche de celui de la vieillesse, c’est aussi dire qu’elle nous
rapproche de la mort, ou au moins de l’intuition de notre mortalité. Le vieillard
est l’homme qui sent à chaque instant la limite de la mort borner son horizon.
Doit-il penser à l’été prochain, lui qui ne sait s’il sera encore en
vie ? Doit-il prendre part au le
combat politique, alors que les élections sont encore si lointaines ?
C’est quand même Pascal qui dans sa Prière
pour demander à Dieu le bon usage des maladies, fait de celle-ci
l’expérience de l’agonie et de la mort. (1)
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1 comment:
l’homme qui sent à chaque instant la limite de la mort borner son horizon.
sublime
je vous embrasse cher Jean pierre
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