Amendement n’est pas péché
Erneste
Langlois – Ancien proverbes français
AMENDEMENT, subst. masc. – Modification en vue d'une
amélioration.
(TLF)
On demande parfois pourquoi le gouvernement refuse
d’entendre les suggestions de l’opposition constructive qui propose de modifier
un projet de loi pour le rendre acceptable par tous. Mais le gouvernement refuse,
parce qu’« amender serait pécher »,
que ce serait modifier ce qu’a voulu la volonté souveraine. Là où est le
pouvoir, est aussi la vérité (1). Du coup, vouloir modifier la parole du maitre
ne peut constituer une amélioration, puis que ce qu’il énonce est vrai par le
fait même que c’est lui qui
parle : le Vrai, le Beau le Bien dépendent de lui.
Autant dire que l’amendement n’est pas toujours
possible ; réciproquement, en le refusant on signale la qualité supposée
du projet : si on ne peut le changer sans le dénaturer, c’est qu’il est
parvenu à maturité. Là-dessus on retrouve Leibniz : le mieux est parfois
contradictoire avec le meilleur. Car le « meilleur » serait le mieux plus un perfectionnement qui en réalité
ne ferait que détruire ce qu’on projette – autant dire que tout n’est pas
possible en même temps – vérité politique souvent cachée.
Les syndicats reprochent au projet de la loi-travail d’être
trop complaisant avec les patrons et du coup de priver les salariés de la
protection sans la quelle ils se trouvent démunis devant leur employeur : « Il faut une loi pour imposer la paix dans l’entreprise ».
Le gouvernement répond : « Si
vous dotez les entrepreneurs de nouveaux droits vous ne favorisez pas seulement
l’entreprise, mais aussi, par contre coup, ceux qui y travaillent – les
salariés. En limitant la liberté de l’entrepreneur, vous voulez le mieux, mais
en réalité vous allez faire le mal. Donc à vouloir amender, vous péchez. »
Choisis ton camp, camarade !
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(1) On pense aux « maitres de vérités » de la
Grèce archaïque, mais on en reparlera un autre jour. En attendant on peut
cliquer ici.
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