- A riche
homme son bœuf lui velle, et au pauvre homme sa vache lui avorte.
- De vide
main vide prière
Erneste Langlois – Ancien proverbesfrançais
Curieuse
providence qui se soucie des riches en leur épargnant les misères qui du coup
vont accabler les pauvres : faut-il croire que Dieu serait un Dieu
« de classe », qu’il ne reçoit les pas les prières des pauvres parce
qu’elles ne sont pas accompagnées de prébendes opulentes destinées à ses
prêtres ?
Peut-être. En
tout cas, Marx l’a dit abondamment : la religion est affaire d’idéologie
et elle est le reflet des rapports de classe. Quoique : si elle en est le
reflet, elle est aussi écran de fumée qui masque justement ces rapports :
la consolation de la religion est là pour faire oublier que ce sont les riches
qui détiennent les clés du coffre.
--> On
peut aussi tenter une autre interprétation. Il y a une subjectivité de la
misère – ou si l’on préfère une relativité.
Admettons que la vache du pauvre avorte : le voici qui perd tout espoir.
Le veau qu’il attendait devait lui permettre de faire vivre sa famille, et
peut-être de rembourser ses dettes à la saint Martin. Maintenant, que ce soit la
vache du riche qui perde son veau, quelle importance ? Il en a des
dizaines dans son étable, et en plus il perçoit les fermages de son immense
domaine. En perdant ce veau, sait-il seulement ce qu’il perd ? Imaginez
que le patron voie son salaire de patron diminué d’un SMIC : pensez-vous
qu’il s’en apercevra ?
Tout cela c’est
l’évidence, mais personne n’y prend garde : même le tout juste non-pauvre
ne se rend pas compte de ce que c’est que de l’être. Il y a quelques années un
chef d’entreprise a fait l’expérience de vivre pendant un mois avec le salaire
minimum versé par son entreprise : il a compris que ce n’était tout
simplement pas vivable.
La suite à demain si vous
le voulez bien
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