« Le roi a pu ! »
Formule employée lors de la nuit de noces de Philippe
Auguste, prononcée par un témoin accrédité pour constater la consommation du
mariage.
Ça peut paraitre bizarre de faire ainsi
vérifier que le roi avait copulé avec la reine. Après tout, vous mettez dans le
même lit un homme et une femme, et normalement, le rapprochement a lieu. Et
c’est comme ça depuis que le monde est monde.
Mais c’est sans compter les maléfices de la
magie qu’on connaissait alors sous le vocable « nouement
d’aiguillette ». (1)
Ambroise Paré admettait ce malfaisant
pouvoir du démon : « Il ne faut douter,
dit-il, qu'il n'y ait des sorciers qui nouent l'aiguillette à l'heure des
espousailles, pour empescher l'habitation des mariez, desquels ils veulent se
venger meschantement. »
Voilà donc des hommes en nombre
suffisamment important pour qu’on s’émeuve de leur cas, devenus impuissants à
honorer les épousées le soir des noces – et les autres soirs aussi, jusqu’à ce
qu’on ait réussi à déjouer le maléfice ; malheur dont le progrès de la
civilisation nous a débarrassé, car de nos jours, plus d’ensorceleurs, et donc
plus de maléfice castrateur.
Quoique… Justement, le mot est lâché :
castration. Car pourquoi parlerait-on de nos jours du « père
castrateur » ou de la « mère castratrice » si on n’avait pas
quelques difficultés à triquer ? Seulement voilà : personne ne s’en
plaint donc on est en droit de supposer que personne n’en souffre. Notez
toutefois que personne – je dis bien : personne – ne vous dira avoir
besoin de prendre du Viagra, qui pourtant se vend comme des petits pains.
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(1) L’aiguillette dont il s’agit n’est
autre que le lacet qui permettait à l’époque de fermer la braguette.
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