Sunday, August 06, 2017

Citation du 7 aout 2017

Nous étions du côté de la faute mais seulement pour que celle-ci confirme la valeur de la règle
Elena Ferrante – L’amie prodigieuse t.2, p 556
Voilà une idée complètement tordue ! Non pas dans sa formulation, mais bien dans son contenu. Car il s’agit de dire qu’on commet une faute uniquement pour montrer qu’existe une règle qui interdit de la commettre.
Imaginez un policier qui vous arrête alors que vous tapiez le 180 au volant de votre puissante limousine.
- Monsieur vous rouliez à 180 kilomètres heures alors que la vitesse maximum est de 90.  Vous êtes en excès de de vitesse !
- Oui monsieur l’agent, je ne le conteste pas.
- Pourriez-vous me dire pourquoi vous avez roulé si vite ? Pour le plaisir je suppose ?
- Non, monsieur l’agent sûrement pas !
- Eh bien alors ?
- C’est pour montrer qu’il ne faut pas dépasser le 90.
- Dites donc, vous vous moquez de moi ? Attention je pourrais vous coffrer pour outrage à agent de la force publique !
- Pas du tout, monsieur l’agent : je suis au contraire très respectueux des lois. Et c’est justement pour cela que j’ai pris la liberté de rouler ici à 180 kilomètres heures.
- … (Le policier s’étrangle)
- Oui, monsieur l’agent, comme personne ne fait attention à la limitation de vitesse, en dépassant de beaucoup la limite je vous donne l’occasion de me verbaliser, là, sur le bord de la route, montrant ainsi à tous les conducteurs ce qu’ils risquent à oublier la limite.
(Là dessus le policier met l’amende maximum et va prendre deux comprimés de Doliprane)
o-o-o
Elena Ferrante a-t-elle lu Durkheim ? Ce n’est pas impossible, mais on ne peut pas en être sûr (1). En tout cas Durkheim analyse de fait social comme étant lié à la conscience collective qui transcende la conscience individuelle, et il explique que le crime est non seulement le surgissement inévitable de la conscience individuelle dans la conscience collective, mais aussi qu’il impose par la punition qu’il fait subir, la nécessité de réparer cette déchirure. (Sur ce sujet, on peut lire ceci)
Finalement, le moyen-âge était bien avisé en instituant l’usage du pilori.
Croyez-vous que sur les autoroutes un pilori avec un type attaché et au dessus la mention : « Je roulais à 180 km/h » pourrait améliorer les statistiques des accidents de la route ? (2)
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(1) Rappelons qu’Elena Ferrante est un auteur italien dont personne ne connaît l’identité, qui publia sous pseudo, refuse d’apparaître en public et qui ne répond aux interviews que par écrit. Sur son identité supposée voir ici.
(2) Ce genre de campagne d’information par la peur a été tentée il y a assez longtemps : au bord de certaines routes, on pouvait voir des panneaux avec des silhouettes noires et l’indication : « Ici, l’an dernier, il y a eu 15 morts »

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