Je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de
plus lâche, de plus borné qu’un terroriste.
Chateaubriand
– Mémoires d’outre-tombe
Attention au piège des mots. Aujourd’hui le terroriste est
un mot qui est sur toutes les lèvres, dans tous les esprits. Le sens de ce mot
est clair : il est référé à toutes les situations où des islamistes sont
impliqués. Seuls quelques dictateurs le dévoient de cet usage pour l’attribuer
à tous ceux qui combattent leur régime : voir Bachar el Assad Poutine ou
Erdogan. Tout juste se rappelle-t-on que ce terme a aussi servi aux nazis à
désigner les résistants français – juste ce qu’il faut pour commencer à songer
qu’il faudrait réfléchir un peu avant d’accepter ce terme comme doué de
critères suffisamment objectifs pour qu’on n’ait jamais besoin d’en justifier
l’emploi.
Or, voilà qu’on tombe sur cette citation de Chateaubriand,
employant le germe de terroriste dans
les Mémoires-d’Outre-Tombe, première
moitié du 19ème siècle. Et là on se dit : à quoi se réfère donc
ce terme à cette époque ? Un coup d’œil sur le dictionnaire (CNRTL) nous
répond : Terroriste – Personne ayant soutenu ou appliqué pendant
la Révolution française une politique de terreur. (lire ici)
Autant dire qu’on est aux antipodes du sens actuel. Non pas
que la terreur soit exclue du sens révolutionnaire, bien sûr. Mais parce que si
les terroristes sont ceux qui appliquent en 1793 la Terreur, alors ils agissent
de concert avec le peuple, ils ne cherchent pas à le diviser mais à le réunir.
Bon. – Je ne vais pas discuter du sens historique de la
Terreur révolutionnaire. Simplement, demander que chacun veuille bien se
demander à quoi il pense quand il emploie certains mots, en particulier ceux
qui sont si largement et si fréquemment employés. Qu’on veuille bien alors se
rendre compte des manipulations dont nous sommes les victimes faciles lorsqu’on
tombe dans le piège des mots.
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