Tuesday, August 29, 2017

Citation du 30 aout 2017

Dès que nous nous blâmons, il nous semble que personne n'a plus le droit de le faire.
Oscar Wilde – Le Portrait de Dorian Gray

On se rappelle la « tirade du nez » où Cyrano de Bergerac décrit avec minutie et facétie les défauts de son gigantesque nez, tout en affirmant que personne n’aurait pu dire le quart de cela avant qu’il lui ait passé son épée au travers du corps. De même on sait que les blagues juives ne sont tolérables que lorsqu’elles sont dites par les juifs eux-mêmes. A chaque fois on a l’impression que seul celui qui se critique a le droit de le faire, les autres n’ayant plus que le droit de se taire : quelle valeur faut-il accorder à l'autocritique destituerait-elle quiconque du droit de critiquer ?
Et d’abord, devons-nous admettre l’autocritique comme un preuve quelconque d’authenticité ? Dans notre droit, les aveux ne constituent pas une preuve de culpabilité, et l’autocritique qui a été largement pratiquée par les régimes totalitaires (staliniens en particulier) n’était qu’une extension et une banalisation des procès où l’accusé devait réciter fort scrupuleusement les forfaits dont on l’accusait, manière d’endosser leur responsabilité. Ce que veut le dictateur ce n’est pas seulement que l’homme qu’il veut perdre avoue des crimes sous la torture : il veut en plus que ce malheureux critique ces actes comme s’ils étaient les siens – quand bien même ils ne seraient que des mensonges.
C’est alors qu’on pense à 1984, le livre de Georges Orwell, dont le héros-dictateur « Big Brother » veut un pouvoir absolu sur les sujets qui lui sont soumis. Pour cela il a une arme terrible : les « télécrans » qui lui permettent de voir à l’intérieur des murs des maisons, effaçant d’un seul coup la vie privée. Mais n’oublions pas l’essentiel : le but du tyran est d’être aimé de ces hommes qu’il tyrannise. Et du coup qu’il n’ait  même pas besoin de dénoncer leurs forfaits, puisque cet amour devrait suffire à le leur faire confesser – oui, confesser comme le fidèle à genoux devant Dieu-le-Père demande son pardon dans l’intimité du confessionnal.
Aujourd’hui encore on n’imagine pas qu’une telle chose soit possible. Et pourtant le « Cher-leader » de Corée du Nord prouve largement le contraire.



Le peuple Nord-coréen en larmes à la mort de Kim-Jong-Il, le cher-leader.

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