L'homme est par nature un animal politique, et celui […] qui n'est pas capable d'appartenir à une communauté ou qui n'en a pas besoin parce qu'il se suffit à lui-même […] est soit une bête soit un Dieu.
Aristote - Les politiques - (I, 2, 1252a-1253a)
L’homme est une animal politique, entendez « issu de la cité (polis) ». Cette citation d’Aristote, célèbre entre toute, rend sensible ce qui était évident pour les grecs : chaque homme est un produit de la société telle que les lois et les coutumes l’ont façonnée.
Autrement dit, l’humanité a une histoire qui est diversification : il n’y a qu’une manière d’être une bête, il n’y a qu’une façon d’être un Dieu ; mais il y a un nombre indéfini de façons d’être un homme.
Une bête est intégralement définie par son espèce : un chien, votre Labrador par exemple, est strictement identique à tout autre Labrador (laissons de côté le sentimentalisme de la ménagère de plus de 50 ans).
Un Dieu est différent de tout autre Dieu, certes : mais il n’est pas devenu ce qu’il est ; voyez les représentations de l’enfant Jésus : ce tout petit est surnaturel, il est déjà le divin enfant, du moins c’est ce que s’efforce faire ressentir l’artiste.
On le sait depuis longtemps : un homme n’est d’abord rien, ce sont les autres hommes qui le font : les enfants sauvages, retrouvés dans la compagnie des loups étaient incapables de comportement humain. Mais ce qui est original dans la citation d’Aristote, c’est la référence à la cité : elle signifie que la société humaine est elle-même une invention des hommes. Aucun personnage n’est plus important que le législateur (Solon, Lycurgue), parce que ce sont leurs lois qui ont déterminé la manière d’être des citoyens, et que si quelques chose parvient à durer dans l’ordre social, c’est à la bonté des lois qu’on le doit.
Nous voilà parvenus au terme de ces remarques : le citoyen pour un grec, ce n’est pas simplement celui qui ramasse les crottes de son chien et qui respecte son voisin : c’est celui qui est le produit de son pays, qui plus qu’une patrie est pour lui une « matrie » (voir la prosopopée des lois dans le Phédon).
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