L'éternité, c'est long, surtout vers la fin.
Woody Allen
Alors, celle-là, j’ai longtemps (une éternité…) hésité à la mettre en ligne.
D’abord parce qu’on ne sait pas si elle est bien de Woody Allen : il y a quelques années une polémique dans les colonnes de Télérama s’était soldée par une déclaration de Woody Allen lui-même (il doit lire Télérama) déclarant qu’il ne se rappelait plus d’avoir dit une chose pareille.
Ensuite, parce que personne ne sait ce que c’est que l’éternité : comme le disait Descartes, on ne pourrait connaître l’éternité qu’à condition de l’être soi-même, or bien entendu nous ne sommes pas si sûrs d’être éternels, que nous puissions décrire avec objectivité un tel concept.
Reste qu’en quelques mots, la formule citée accumule deux paradoxes amusants (?) :
- D’abord, que l’éternité pourrait avoir une fin. C’est bien sûr absurde : ce qui a une fin n’est pas éternel (1). Mais surtout cela voudrait dire que l’éternité serait une durée. Sans revenir sur des considérations obscures sur la durée et l’éternité (voir message du 27 novembre), disons que la conception la plus évidente de l’éternité est celle d’un instant distendu indéfiniment dans les deux sens (vers le « passé » et vers l’« avenir », pour autant que ces mots aient un sens ici) : l’éternité ne connaît pas le changement, elle n’a ni début, ni -bien sûr - de fin.
- Ensuite, l’idée que l’éternité puisse nous paraître longue, sous entendu : trop longue. Comme si, faute de « connaître » l’éternité, nous en avions une expérience dans l’ennui « mortel » qui étire les jours à n’en plus finir (voir citation du 10 février 2006), dans le durée sans bornes parce que sans activités significatives. Or nous l’avons dit, l’éternité ne peut être assimilée à une durée ; elle ne peut donc ressembler à l’ennui, pas plus que la vie monotone de la routine quotidienne ne peut être confondue avec la vie éternelle.
Mais je vois que vous commencez à bailler en me lisant : ce billet faute d’être « éternel » serait-il donc « interminable » ?
(1) On dira : « Mais peut-être que l’Eternité n’a pas eu de commencement : elle existerait de toute éternité ». Mais alors sa fin n’arrivera pas, parce que son origine pouvant être indéfiniment reculée dans le passé, son terme est inassignable à un date précise.
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