Et pétrole et charbon s'en allaient en fumée
Quand le chimiste vint qui eut l'heureuse idée
De rendre ces nuées solides et d'en faire
D'innombrables objets au but utilitaire.
En matériaux nouveaux ces obscurs résidus
Sont ainsi transformés. Il en est d'inconnus
Qui attendent encor la mutation chimique
Pour mériter enfin la vente à prix unique.
R. Queneau. La chant du Styrène (commentaire pour un film documentaire d’Alain Resnais - 1957) Pour lire la totalité du poème : cliquez ici
Faut-il cesser d’exploiter les ressources de la planète ? Faut-il renoncer aux bienfaits de la science et des techniques ? Les matériaux synthétiques obtenus par la chimie sont-ils dangereux au point qu’il faille revenir aux objets de pierre et de bois ? L’âge de la pierre taillée est-il le modèle de développement durable ?
Le poème de Queneau, en alexandrins romantico-lamartiniens nous persuade du contraire : en 1957, il nous révèle ce qui 50 ans plus tard devrait être une évidence pour nous. Brûler le pétrole dans nos voitures ou nos chaudières est une hérésie : fumée polluante mise à part c’est un gâchis à nul autre pareil. La pétrochimie doit avoir le monopôle de l’exploitation des ressources pétrolières.
Pourquoi faut-il le lyrisme du poète pour nous révéler cela ? Parce que grâce aux mutations chimiques, d’obscurs résidus adviennent à la gloire d’objets au but utilitaire. Arracher ainsi aux ténèbres des entrailles de la terre ces déchets pour les hisser au niveau d’une existence utile à l’humanité, voilà qui est digne de l’épopée humaine.
Alors, et la suite ?
Et l’électron et le proton, éternellement,
Dans l’obscurité moite de la matière,
Gravitaient, l’un autour de l’autre,
De leur danse inutile et obstinée,
Quand le physicien dans un effrayant fracas
Les carambola pour en tirer l’étincelle électrique…
… C’est nul ? Bon, bon j’arrête !
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