Monday, March 12, 2012

Citation du 13 mars 2012

Les gens en savent déjà trop pour leur ignorance.

Jean Rostand – Carnet d’un biologiste

Ça, c’est le genre de réflexion qu’on se fait à soi-même, par exemple en la notant comme ici dans un journal intime, sans souci d’expliquer, et sans inquiétude pour les réactions.

L’idée me parait être la suivante : le pire pour la connaissance est d’être mêlée à l’ignorance. Que ces bribes de savoir conduisent l’ignorant à croire qu’il sait ce qu’il ignore, et donc par-là justifie n’importe quoi. Toute opinion est alors bonne, elle se trouve justifiée parce qu’on veut croire qu’elle aussi participe de la science.

Exemple : croire qu’il y a des lois intangibles qui régissent la santé et que ce qui est bon pour l’un est aussi nécessairement bon pour l’autre. Imposer un régime bon pour le diabétique à celui qui est simplement obèse – ou une cure d’austérité au pays qui a des déficits.

Seulement il y a quand même un inconvénient à souscrire au jugement de Rostand : c’est qu’on a le sentiment qu’il faut réserver le savoir à ceux qui savent. D’où un paradoxe irritant : comment parvenir au savoir quand on est ignorant ? Et une conséquence également gênante : seule l’initiation permet de s’approcher de la science. Car alors, on toucherait aux racines de l’ésotérisme, qui identifie le savant à un initié, et le savoir à un état de l’être.

Regardez ce qui se passe chez les francs-maçons : ils s’efforcent de se transformer eux-mêmes par une lente ascèse, jusqu’à ce qu’ils méritent la révélation du savoir qui leur était resté caché jusqu’alors. L’initié doit faire la preuve de sa dignité à recevoir la science qu’on lui dévoile.

C’est déjà comme ça que Platon refusait l’autorité de citoyens aux artisans et aux manœuvres : il identifiait leur nature à ce qu’exigeait d’eux leur métier, et du coup, il les excluait de la science politique.

C’est cela qu’il faut mettre au crédit de Rousseau (1) : dans le peuple, personne n’est ignorant au point d’ignorer ce qu’il faut savoir pour être citoyen.

Car la science du citoyen est celle des souffrances du peuple.

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(1) Dont on célèbre cette année les 3ème centenaire de la naissance.

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Note : Je pars en vacances pour une dizaine de jours.

Pendant ce temps, les Citations continueront de paraitre au jour le jour, mais je ne pourrai prendre connaissance des éventuels commentaire qu'après mon retour.

A bientôt donc

2 comments:

Anonymous said...

Donc, très bonnes vacances :-)!

F'(STIALIC)

FRANKIE PAIN said...

bon voyage bon retour.
pas assez réveillée pour commenter
ce billet est intéressante mérite que l'on si arrête. il y a ceux qui s’autorise et ceux qui se taise et cela devrait être l'inverse