La littérature érotique pèche souvent par un excès de métaphores ridicules. Elle joue sur l'interdit et accumule les fantasmes.
Michel Houellebecq
Métaphores ridicules… On pourrait en citer sans doute, et sans trop chercher, on en trouverait dans la littérature libertine du 18ème siècle. Sans toutefois en faire une généralité, puisqu’il me semble bien que Sade en ait fait l’économie.
Deux remarques, pour se limiter à ce qu’on peut faire tenir dans l’espace de ce Post :
1 – L’érotisme use de métaphore pour éviter d’être confondu avec la pornographie. C’est même une raison pour éviter le cliché consistant à dire que la pornographie, c’est l’érotisme des autres. Un auteur (dont le nom m’échappe en ce moment) disait à ce propos que l’érotisme consiste à voir « de biais » ce que la pornographie montre « frontalement » - d’où les métaphores : elles permettent de voir « de biais » (1).
Plus précise et plus enchanteuse, la définition de Roland Barthes : l’érotisme, c’est là où le vêtement baille. (2) Il est vrai que dans ce cas, c’est l’œil qui érotise avant l’esprit.
2 – Faut-il condamner la littérature érotique au nom de l’honnêteté et du bon gout ? Je ne sais à qui Houellebecq fait ici allusion, mais on pense aux romans chichiteux d’Emmanuelle Arsan (3). Seulement, faut-il pour autant valoriser la pornographie ? Est-elle un exemple de bon goût et d’honnêteté, elle qui appelle un chat un chat ? (4)
Houellebecq affirme que l’érotisme joue sur les interdits, qu’il en fait sa pâture, qu’il les cultive parce que, sans eux, il n’aurait plus lieu d’être. Encore une fois, Sade qui ne connaissait pas les interdits – ou du moins qui n’en jouait pas – n’a pas cru utile de métaphoriser…
Mais surtout, Houellebecq fait comme si le contournement des obstacles qu’affectionne l’érotisme n’était pas imposé par le désir lui-même. C’est là pourtant son apport essentiel : ouvrir un délicieux chemin qu’il nous invite à parcourir parce qu’il ne nous installe pas d’emblée au but.
…le désir s’accroit quand l’effet se recule (Corneille) (5)
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(1) De biaiser ? Oui, mais il y a là matière à un mauvais jeu de mot que je m’abstiendrai de faire.
(2) Voir ici
(3) Voir la série des Emmanuelle, si célèbre dans les années 60-70.
(4) Celui-là, ne n’ai pas su l’éviter. Désolé.
(5) Encore un jeu de mots foireux ? Oui, hélas ! Mais celui-ci n’est pas de moi
3 comments:
l'auteur que vous citez ,je n'ai pas encore réussi à le lire malgré plusieurs tentative.
il cherche la chair et après la boude
son écriture manque du plaisir à l'autre. c'est un grand monsieur de la littérature. j'arriverai peut-être un jour
cette citation de lui ne m'étonne pas
dans sade ce couler la parole révolutionaire.. dans l'intertexte...
je vous salue cher Jean pierre en ce dimanche
l'auteur que vous citez ,je n'ai pas encore réussi à le lire malgré plusieurs tentative.
- Je suis hélas comme vous, mais je n'en suis pas plus fier...
ca me rassure
belle semainejean pierre
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