Friday, March 30, 2012

Citation du 31 mars 2012

L'autorité de ceux qui enseignent nuit la plupart du temps à ceux qui veulent s'instruire.

Cicéron

L’autorité nuit à l’enseignement : ce principe est aujourd’hui bien connu (encore que souvent contesté). Par contre ce qui surprend c’est de le trouver sous le calame de Cicéron (le « vrai » Cicéron, pas son frère, comme ce fut le cas hier).

--> L’enseignement, comment ça ne marche pas ? Au lieu de nous demander ce qu’il faut faire, commençons par nous demander quelles erreurs il ne faut pas commettre. Parce qu’il nous serait difficile de trouver des exemples de réussite, en revanche pour trouver des cas d’échecs, il n’y a qu’à se baisser pour en ramasser à pleins bras.

Alors, voilà ce que Cicéron nous apprend : ce qui fait obstacle à l’enseignement, c’est précisément ce qui est requis du maitre (= celui qui enseigne) : son autorité morale. D’ailleurs, les deux sont tellement inséparables qu’en latin on les désigne par le même mot : magister.

Et en effet, il semble bien que pour être crédible, le maître doive être chargé de science et de diplômes. Il doit donc du haut de sa chaire surplomber son élève, le quel se sentira sans doute encore plus ignorant et encore plus indigne de son ignorance devant tant de science et de sagesse. Si le maître est l’exemple de ce qu’on doit atteindre, plus haut il sera et plus inaccessible le but de parvenir à sa hauteur.

Faut-il donc un « maître ignorant », comme le réclame Rancière ? (1).

Peut-être ; mais réfléchissons d’abord avec les moyens du bord – c’est-à-dire faisant référence à ce qui se passe aujourd’hui.

Qui enseigne aujourd’hui ? Réponse : les coach(e)s.

Quelle différence entre un coach et un maitre d’école ?

Euh... Je ne sais pas trop parce que des coach(e)s je n’en ai jamais fréquenté. Je suppose – et j’espère – qu’un coach c’est quelqu’un qui ne se plante pas devant son élève en lui disant : « Regardez-moi, et faites comme moi », mais quelqu’un qui se met à ses côtés et qui dit : « nous allons faire ensemble ce que vous devez apprendre : ce que je fais, faites-le en même temps que moi, avec moi – et moi avec vous. »

J’ai entendu dire qu’à l’armée l’instructeur qui inflige à une recrue une série de pompes les fait lui aussi et en même temps.

Après tout, ce n’est pas si ridicule.

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(1) Voir ici

3 comments:

FRANKIE PAIN said...

l'art de la pédagogie mon cher Jean Pierre vous en savez un rayon.
j'ai rarement tenue classe mais plus
le terme de coach.

la différence pour moi et la multiplicité de l'adresse.
c'est comme au théâtre quand l'on jour dans une très grande salle comme s'adresse à tous et à un.

acte où comme disait Hélton Newton
séduire au sens de captation s'engager de son désir dans le désir de l'autre . c'est comme en voile certains jours quand on a vent avant et que l'on doit rentrer dans le chenal du port et l'on louvoie.

mais pour cela les qualités d'écoute sont nécessaires quand la rebelion est là pour un rien , et pour tout...

et çà .. et du maitre enseignement et du coach

c'est à volo...
je vous embrasse mon cher jean pierre

Jean-Pierre Hamel said...

1 - Oui, il y aurait beaucoup à dire du rapport entre le métier d’enseigner et l'art du comédien.
Je n'en ai pas une exacte idée, vu que je n'ai jamais joué la comédie, mais j'ai ressenti bien des fois devant mes élèves que je ne les intéressais que dans la mesure où je me mettais moi-même en danger, par exemple un improvisant - au moins partiellement - mon discours, de façon à me laisser guider par l'intuition (je n'ai pas d'autre mot) de leur adhésion. Dans des cas particulièrement favorables, le silence de tous, je le ressentais comme un engagement supérieur (un peu comme Mozart - excusez la comparaison ! - disait qu'à ses concerts, il observait parfois une qualité supérieure de silence).
Si dans les classes de comédies on pouvait apprendre l’improvisation, je crois que ce serait une bonne approche avant de se lancer devant des élèves.
2 – S’adresser à tous ou à un. Ça, c’est délicat. Il faudrait en effet que chacun se sente le destinataire de la parole, ce qui n’est pas évident. J’avais pour ma part, choisi à mes débuts de faire comme si je m’adressais à un ou deux élèves particulièrement angoissés. Dès que je voyais l’angoisse se peindre sur leur visage, je savais que j’avais loupé quelque chose dans mon exposé et qu’il fallait reprendre.
3 - Bien sûr, si la rébellion est là, comme vous dites, il ne reste plus qu’à mettre en place des techniques de survie. J’en connais.
Très bon dimanche, Frankie.
J-P

FRANKIE PAIN said...

oui c'est très juste ce que vous dites. le vais lire les sucettes et merci de votre écrit sous l'utopie
grosses bises