Ne refuse rien à personne : quand on fait des promesses, l’échéance est incertaine, éloignée dans le temps. En revanche, en refusant, on est sûr de se faire des ennemis, et en foule.
Quintus Tullius Cicero – Commentariolum Petitionis (Petit manuel du candidat)
[N.B. – Ne pas confondre Quintus Tullius Cicero avec le célèbre orateur-philosophe Marcus Tullius Cicero dont il était le frère.]
Quand on cherche des sources classiques à la vie politique actuelle, on se tourne volontiers vers Machiavel. Mais on aurait tort d’oublier nos auteurs latins, qui eux aussi ont bien vu de quoi était faite la vie politique : celle de leur temps n’était probablement pas très éloignée de celle que nous vivons aujourd’hui.
C’est ainsi qu’on peut résoudre un mystère irritant pour qui n’aurait pas lu Cicéron (le frère) : comment se fait-il que les candidats à la présidence puissent être aussi discrets sur leur programme économique et financier ? Certes, ils annoncent des hausses d’impôts – mais seulement pour les autres, entendez les riches ; et des pénalités pour les méchants fraudeurs qui cachent leurs capitaux en Suisse ; et contre les parachutes dorés, et contre les retraites chapeaux… ; mais jamais des mesures qui pénalisent les retraités, ni qui réduisent les remboursements de santé. Quant aux malheurs qui vont frapper les classes moyennes, mystère et boule de gomme.
Alors bien sûr, c’est la banalité même qu’ils ne le fassent pas, parce que, s’ils annonçaient : « Si je suis élu je vous promets d’augmenter la TVA, de réduire les remboursements sécu, de supprimer des abattements fiscaux dont bénéficient les retraités ; et aussi de réduire les allocations familiales, et de supprimer le quotient familial, et … », personne ne voterait pour eux.
Par contre, ce qui n’est pas banal, c’est que nous, les électeurs, on ne les prenne pas à la gorge en exigeant qu’ils nous disent ce qu’ils vont prendre dans notre portefeuille pour contenter les Marchés. Pourquoi, tout en disant qu’on ne croit plus depuis longtemps aux promesses électorales, ce soit malgré tout sur ces mêmes promesses qu’on se détermine ?
Par contre, ce qui n’est pas banal, c’est que nous, les électeurs, on ne les prenne pas à la gorge en exigeant qu’ils nous disent ce qu’ils vont prendre dans notre portefeuille pour contenter les Marchés. Pourquoi, tout en disant qu’on ne croit plus depuis longtemps aux promesses électorales, ce soit malgré tout sur ces mêmes promesses qu’on se détermine ?
Il y a deux mille ans déjà, Cicéron (le frère) l’avait remarqué : les promesses s’inscrivent dans l’avenir ; les refus dans le présent. Pour nous l’avenir commencera après le 6 mai : ce n’est pas loin, mais c’est déjà une autre époque, une ère nouvelle. Ce qu’on voit bien quand Notre-Président se présente en Candidat sans passé, mais avec un avenir.
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