Un secret n’existe que s’il est connu de quelqu’un.
Louis Scutenaire
4 degrés dans le savoir :
1 – L’ignorance,
degré zéro de la connaissance. Non seulement on ne sait pas ce qui est vrai mais
encore on ne sait même pas qu’il y a quelque chose à connaitre.
Ainsi de nos pulsions inconscientes, ainsi de nos
traumatismes refoulés.
2 – Le mystère
qui suppose qu’on sache qu’il y a quelque chose à connaitre, mais en revanche
personne ne sait ni ne saura jamais quelle est la vérité qui s’y cache.
Ainsi des mystères de la nature ou du mystère des origines.
3 – Le secret
qui n’existe (comme le dit notre citation) que s’il est connu de quelqu’un,
c’est-à-dire de celui qui le possède. J’ai un secret : pour dire cela il
faut nécessairement que je sache non seulement quelle vérité y est cachée, mais
encore qu’il convient de ne pas la dire.
4 – Le savoir
divulgué sans restriction, connu – ou connaissable – de tous.
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--> Le secret, ce que je suis le seul – ou presque – à
connaitre ? Il semble tout de même qu’il se définisse aussi par une autre
caractéristique : il suppose la décision de ne pas le divulguer, de le
tenir caché – de tous, sinon de ceux que nous considérons comme non autorisés.
Ainsi, il se peut que je connaisse un tas de choses que
je sois le seul à savoir. S’agit-il d’un secret ? Pas forcément. J’ai pu
simplement négliger de le faire savoir, ou je n’ai pas su le dire – ou encore
je considère que ça ne doit intéresser personne. Par contre si certaines de ces
connaissances sont des secrets, ça veut dire que je les ai élues comme telles.
J’ai mis un cadenas dessus, pour faire en sorte que jamais personne ne sache.
Le secret est donc une vérité qui a été enfermée quelque
part, au fond de ma conscience, et c’est sans doute pour cela qu’il est
difficile à garder, qu’il soit même parfois lourd à porter. Dans ce cas, le
secret est comme un prisonnier qui hurle au fond de son cachot et qui donne des
coups de pieds dans la porte.
Mais il se peut que le secret soit un doux, un tendre
secret ; que je ne le fasse pas circuler parce que personne ne le
comprendrait véritablement. Comme le nourrisson qu’on conserve dans de l’ouate
et qu’on nourrit tendrement, on cache le secret pour qu’il survive.
Se peut-il qu’il murisse et que, comme l’enfant devenu
grand, on le fasse circuler un jour librement ?
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