Friday, April 19, 2013

Citation du 20 avril 2013


Tu dis ton secret à ton ami, mais ton ami a un ami aussi.
Proverbe turc
Un secret consiste à ne le répéter qu’à une seule personne à la fois.
Michel Audiard
Ce qu'il y a de plus puissant dans le secret, ce n'est donc pas le mutisme qu'il impose, c'est la complicité qu'il crée entre ceux qui en sont porteurs…
Vladimir Jankélévitch – L'ironie (publié le 31-07-2010)
Pourquoi faudrait-il qu’on dise ses secrets à quelqu’un ? C’est un paradoxe, car si je veux que mon secret le reste, alors il ne faut le dire à personne !
C’est que le secret a une fonction que Jankélévitch énonce fort clairement : le secret a pour fonction de créer une communauté qui le partage.
Il n’y a pas besoin de chercher l’exemple de la complicité dans une bande de conjurés. Le simple exemple de la cour de récréation de l’école primaire suffira. Voyez cette petite fille (donnons-lui 8 ans). Elle murmure à l’oreille de sa copine que Jade est amoureuse de Kévin et qu’ils se sont embrassés en cachette… Oui ! sur la bouche !!!
Vrai ou pas, qu’importe ? Ce qui compte, c’est d’avoir une révélation à faire. Qu’est-ce donc qu’une amie sinon celle avec qui on partage ses secrets, celle à qui on fait des confidences ? Et après tout, à quoi ça servirait d’avoir des secrets sinon pour les confier et créer ou cimenter une amitié ?
- Oui, mais voilà : il y a aussi des secrets « plus secrets » que d’autres. Des secrets qui ne doivent absolument pas être divulgués, sauf à un ami très très intime, parce que, justement, ils relèvent d’une intimité qui ne peut être comprise que de lui.
Ces secrets, il faut pourtant pouvoir en parler à quelqu’un afin de ne plus être le seul à les porter, et donc ce n’est qu’à ce confident qu’on pourra en parler.
Et voilà que cet ami, à son tour, voudra le partager : il va donc le révéler à un autre ami qui l’ignore. Et pourquoi donc ? Parce qu’une telle révélation rend intéressant – voire même important – celui qui la fait connaitre.
De toute façon, comment préserver ce genre de secret, puisqu’il convient de ne le dire qu’en confidence, c’est-à-dire à une seule oreille à chaque fois ?
(Voir aussi cette fable de La Fontaine ici)

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