ARCHITECTES – Tous imbéciles. Oublient toujours
l’escalier des maisons
Flaubert –
Dictionnaire des idées reçues
Comment juger les œuvres des architectes ? Faire
comme Flaubert, en récoltant les poncifs véhiculés sur eux (à noter
qu’aujourd’hui encore, il nous arrive d’entendre ce propos sur l’oubli de
l’escalier qui faisait rire déjà en 1850) ? Ou bien au contraire évoquer
avec émotion Le Corbusier et Gaudi ?
Je propose une toute autre approche : les bâtiments
construits par les architectes sont à voir comme des sculptures, indépendamment
de leur fonction utilitaires. Si je sculpte en ayant pour modèle une boite à
chaussures on ne se demandera pas si on peut y mettre des chaussures ou bien des
lettres d’amour. Eh bien, cette maison de planches de Richard Greaves est
exactement pareille.
Richard Greaves « anarchitecte »
en Beauce – Québec : La cabane à sucre
J’ai découvert Richard Greaves grâce au blog des Grigris de Sophie –
voir ici. Un grand merci à Sophie !
Quelques idées suggérées par cette œuvre :
1 – Cette maison le proclame : il ne faut pas la
regarder comme une œuvre définie par une fonction utilitaire : même si on
nous dit que son auteur l’habite périodiquement, ainsi que toutes celles qu’il
a construites aux alentours, nous admettrons qu’elle obéit à d’autres
impératifs.
2 – Comme on le voit, cette maison est construite à
l’aide de matériaux de récupération : l’architecte se fournit en allant
sur la décharge publique. Ce que nous dit alors ce recyclage d’architecte c’est que rien n’est mortel :
châssis de fenêtre crevée, vieille porte défoncée, tuiles cassées : tout
peut servir à reconstruire. Ou si vous préférez : Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme (Lavoisier)
3 – Enfin, et peut-être surtout, ces maisons ne sont pas
des ruines en train de s’effondrer, puisque Greaves peut les habiter. On dit d’elles qu’elles sont sculptées par
le vent et la pluie : comme si ces éléments avaient remplacé la main
de l’architecte, et que du coup la maison au lieu d’être construite contre les éléments naturels, pour les
empêcher de pénétrer dans l’édifice, avait plutôt été construite avec leur concours pacifique. Comme le
chasseur primitif pactise avec la Nature pour se faire pardonner de tuer les
animaux qu’il chasse, l’architecte s’en remet aux éléments naturels pour qu’ils
épargnent la maison qui abrite les humains.
N’est-ce pas là ce que recherchent les adeptes de l’écoconstruction ?
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