Tuesday, April 09, 2013

Citation du 10 avril 2013



En voyant quelquefois les friponneries des petits et les brigandages des hommes en place, on est tenté de regarder la société comme un bois rempli de voleurs, dont les plus dangereux sont les archers, préposés pour arrêter les autres.
Chamfort – Maximes et pensées
Le pourcentage de voleurs est le même dans toutes les communautés, même chez les gendarmes.
Edgar Morin (cité le 25-01-2008)

Je citais il y peu le cas de notre ministre du budget chargé de combattre la fraude fiscale et qui selon toute apparence lessivait en douce l’argent de ses propres fraudes grâce à ses comptes offshore dont nous découvrons aujourd’hui l’existence.
Et nous, de nous énerver en constatant que le gardien de notre budget était en réalité un fraudeur et que tout ce qu’on pouvait espérer de lui, c’est qui fut le seul fraudeur qu’il tolérât.
Or Chamfort, en plein 18ème siècle, nous avertit que les voleurs les plus dangereux sont précisément les archers préposés à leur arrestation.
On supposera avec Edgar Morin que si les gendarmes chargés d’arrêter les voleurs sont eux-mêmes des voleurs, c’est simplement parce qu’il s’agit d’une catégorie socio-professionnelle comme les autres. Mais on aurait tort de les tenir quitte pour si peu. Comme Platon le faisait observer, les médecins sont – grâce à leur science – les plus dangereux empoisonneurs qui soient. Et les geeks les plus honnêtes feraient les hackers les plus redoutables. Et bien sûr ceux qui ont pour mission de débusquer les évadés fiscaux ont des compétences qui en feraient d’excellents connaisseurs des iles Caïman.
Mais on l’a déjà compris, ces propositions sont parfaitement réversibles : les criminels sont les plus compétents pour débusquer les criminels – comme l’a amplement prouvé Vidocq forçat évadé du bagne qui devint le chef de la police de Napoléon.
On devrait donc demander à un empoisonneur d’écrire un Traité des poisons ; à un hacker de tester la résistance des réseaux ; et à un Cahusac, évadé fiscal depuis 20 ans, de lutter contre les fraudeurs. Il s’agit de traiter le mal par le mal, comme le préconise l’homéopathie.
L’homéopathie : selon elle la différence entre le mal qui combat et le mal combattu est affaire de dosage : il suffit une infime quantité d’agent pathogène pour combattre la plus féroce infection.
Et donc ? Si monsieur Cazhusac n’a que 600000 euros d’argent sale, il peut reprendre son poste : on reste dans le dosage homéopathique.

1 comment:

Anonymous said...

Comme vous expliquez bien les choses...

J'ai transféré, bien sûr!


F' oreratc 309