Il est
"impossible" de savoir si les informations obtenues grâce aux
techniques d'interrogatoire poussées (EIT) auraient pu l'être "par
d'autres moyens".
John Brennan – Patron de la C.I.A.
1 – « Techniques d’interrogatoire poussées » :
« EIT dans la langue originale » (1) – et non torture : le mot fait
peur ; c’est un « gros mots » ; un mot qui fâche, etc…
2 – « Le
président américain (B. Obama), qui a mis fin à ce programme dès son arrivée à
la Maison Blanche en 2009, a jugé que les méthodes utilisées contre les
détenus, "que toute personne honnête
devrait considérer comme de la torture", étaient contraires aux
valeurs des Etats-Unis. »
o-o-o
Ces mots
terribles, si l’usage des « litotes » ou des
« euphémismes » permet de les oublier, la description de ce qu’ils
cachent suffit à remettre les pendules à l’heure : ainsi de la technique
du « waterboarding », gentiment
appelée « simulation de noyade », mais que du temps des nazis on
appelait le « supplice de la baignoire ».
Mais la
déclaration du patron de la CIA contient aussi autre chose : il se repent
d’avoir utilisé de telles méthodes, parce qu’elles … n’ont pas été efficaces.
Alors, comme le disait W. Bush (et avec lui bon nombre de gens et pas seulement
dans la famille Le Pen) si vous aviez Ben Laden devant vous, allez-vous
l’embrasser sur les deux joues, ou bien utiliser tous les moyens possibles pour
lui faire avouer les attentats qu’il prépare ?
Pour qui veut
émettre une opinion argumentée, il faut recourir à une hypothèse
radicale : si la torture était le seul moyen de sauver la vie de 300
personnes menacées par une bombe, serait il justifié de torturer un homme qui
sait comment la désactiver ? Evidemment, répondre « oui » c’est
admettre en même temps que ces tortures pourraient être les plus abominables
qu’on puisse imaginer.
Alors ?
Qu’en dites vous ? Je vous sens hésitant : après tout il y va de la
vie de 300 innocents, à « échanger » contre celle d’un seul criminel.
Va pour l’EIT… Mieux vaut se réfugier dans l’euphémisme et la litote : ça
dispense de penser.
En réalité,
qu’on soit englué dans ce dilemme n’a rien de surprenant : ça prouve
simplement qu’on est dans le registre de la morale et non du droit, ni de la
science de l’action. Et là, il s’agit de prendre le risque de s’engager pour
soutenir un principe jugé imprescriptible, qu’il soit celui de la valeur de la
personne humaine ou celui de l’efficacité de l’action.
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(1) E.I.T. :
Enhanced Interrogation Techniques. Voir ici
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