Sunday, December 28, 2014

Citation du 29 décembre 2014

« Moi président de la République… »
François Hollande – Phrase répétée à 15 reprises au cours du débat télévisé du 2 mai 2012
La France en moi, ce n'est pas moi, c'est Racine.
Alain Finkielkraut – Interview du 10/10/2013 – à lire ici

J’avais rédigé ce billet en décembre 2012, et puis, pour je ne sais quelle raison je l’avais mis au rebut.
J’y suggérais qu’à la suite de notre Président nous devrions nous satisfaire des ressources de la culture française au lieu de réclamer sans cesse des sous ! et qu’on ne dise pas que la Culture (Ministère de-) elle aussi demande des sous : Madame de La Fayette et sa Princesse de Clèves ne perçoivent aucun droit d’auteur : c’est rien que du bonheur et c’est gratuit. Et en plus c’est du vrai français, ce qui va nous permettre de suivre Finky et de dire que les Banlieues sont condamnées à échouer parce qu’on n’y parle pas la langue de Racine.
Bref : aujourd’hui, je le publie, parce qu’en 2014, c’est pareil qu’en 2012 … mais en mieux.
o-o-o
            Chères Françaises et chers Français,
Moi, François-de-France, j’ai été ému de votre désarroi suite à la déception de ne pas voir mes promesses réalisées. En 2012, pour tromper notre vigilance, il n’a pas fallu moins que les ressources de la rhétorique dites-vous avec amertume, comme si vous découvriez que le personnel politique mobilisait toutes les ressources de la langue française pour mieux vous tromper.
Et alors ? Aviez-vous oublié que le mensonge était l’arme du pouvoir ? Et que, depuis Machiavel, on sait que le Prince ne dit la vérité que si c’est le moyen de gouverner plus commodément ? Et enfin, qu’en politique, si tous les moyens sont bons, les meilleurs sont encore ceux qui sont les mieux cachés.
Vous vous demandez peut-être où je veux en venir ? Ne suis-je pas entrain de vous désespérer au lieu de vous consoler ? Encore un peu de patience, s’il vous plait.
Car, voici l’essentiel : dans le débat électoral, au moment où on s’attendait à des injures, ou au moins à des insinuations venimeuses, voici que l’épiphore croise le fer avec l’anaphore !
« Moi président » est le syntagme répété dans l'anaphore prononcée le 2 mai 2012 par François Hollande, […] Nicolas Sarkozy répond en prononçant à cinq reprises le mot « normal » ou l'un de ses dérivés, dont quatre en fin de phrase constituent une épiphore. (Wikipédia – Commentaire)
Ainsi donc la rhétorique, cette science qu’on croyait oubliée depuis au moins deux siècles, la voilà qui ressurgit vivante comme à l’époque ou triomphaient  les sophistes !
Si cela ne vous suffit pas pour reprendre espoir en l’avenir – du moins en celui de la langue française – observez je vous prie que l’un des deux combattants de la rhétorique est justement celui qui était passé maitre dans l’art d’imiter le parler-populo (voir ici une compilation des perles du français-du-président) – et celui qui de surcroît se permettait de moquer la culture classique.
Vous ne vous rappelez plus ? Permettez que je vous rafraichisse la mémoire :
En février 2006, à Lyon, le futur candidat déclarait ainsi à des fonctionnaires :
« L’autre jour, je m’amusais, on s’amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur “La Princesse de Clèves”. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de “La Princesse de Clèves”... Imaginez un peu le spectacle ! »
En réalité, sans culture classique, on ne peut espérer l’emporter dans un affrontement politique : voilà de quoi se réjouir, n’est-ce pas ?
Après, qu’importe que les promesses ne soient pas tenues ? Pourvu qu’elles soient énoncées dans la langue de Racine… et de Madame de La Fayette : qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?


Pcc : La Citation du jour

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