François Hollande – Phrase
répétée à 15 reprises au cours du débat télévisé du 2 mai 2012
La France en moi, ce n'est pas moi, c'est Racine.
Alain Finkielkraut – Interview du
10/10/2013 – à lire ici
J’avais rédigé ce billet en décembre 2012, et puis, pour je ne sais
quelle raison je l’avais mis au rebut.
J’y suggérais qu’à la suite de notre Président nous devrions nous
satisfaire des ressources de la culture française au lieu de réclamer sans
cesse des sous ! et qu’on ne dise pas que la Culture (Ministère de-) elle aussi
demande des sous : Madame de La Fayette et sa Princesse de Clèves ne perçoivent
aucun droit d’auteur : c’est rien que du bonheur et c’est gratuit. Et en
plus c’est du vrai français, ce qui va nous permettre de suivre Finky et de
dire que les Banlieues sont condamnées à échouer parce qu’on n’y parle pas la
langue de Racine.
Bref : aujourd’hui, je le publie, parce qu’en 2014, c’est pareil
qu’en 2012 … mais en mieux.
o-o-o
Chères
Françaises et chers Français,
Moi, François-de-France, j’ai été ému de votre
désarroi suite à la déception de ne pas voir mes promesses réalisées. En 2012, pour tromper notre vigilance, il n’a
pas fallu moins que les ressources de la rhétorique dites-vous avec
amertume, comme si vous découvriez que le personnel politique mobilisait toutes
les ressources de la langue française pour mieux vous tromper.
Et alors ? Aviez-vous oublié que le mensonge était
l’arme du pouvoir ? Et que, depuis Machiavel, on sait que le Prince ne dit
la vérité que si c’est le moyen de gouverner plus commodément ? Et enfin, qu’en
politique, si tous les moyens sont bons, les meilleurs sont encore ceux qui
sont les mieux cachés.
Vous vous demandez peut-être où je veux en venir ? Ne
suis-je pas entrain de vous désespérer au lieu de vous consoler ? Encore
un peu de patience, s’il vous plait.
Car, voici l’essentiel : dans le débat électoral, au
moment où on s’attendait à des injures, ou au moins à des insinuations
venimeuses, voici que l’épiphore
croise le fer avec l’anaphore !
« Moi président » est le syntagme répété dans l'anaphore prononcée le 2 mai 2012 par François
Hollande, […] Nicolas Sarkozy répond en prononçant à cinq reprises le mot
« normal » ou l'un de ses
dérivés, dont quatre en fin de phrase constituent une épiphore. (Wikipédia –
Commentaire)
Ainsi donc la rhétorique, cette science qu’on croyait oubliée
depuis au moins deux siècles, la voilà qui ressurgit vivante comme à l’époque
ou triomphaient les sophistes !
Si cela ne vous suffit pas pour reprendre espoir en
l’avenir – du moins en celui de la langue française – observez je vous prie que
l’un des deux combattants de la rhétorique est justement celui qui était passé
maitre dans l’art d’imiter le parler-populo (voir ici une compilation des
perles du français-du-président) – et celui qui de surcroît se permettait de
moquer la culture classique.
Vous ne vous rappelez plus ? Permettez que je vous
rafraichisse la mémoire :
En février 2006, à Lyon, le futur candidat déclarait
ainsi à des fonctionnaires :
« L’autre
jour, je m’amusais, on s’amuse comme on peut, à regarder le programme du
concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez,
avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur “La Princesse de
Clèves”. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la
guichetière ce qu’elle pensait de “La Princesse de Clèves”... Imaginez un peu
le spectacle ! »
En réalité, sans culture classique, on ne peut espérer
l’emporter dans un affrontement politique : voilà de quoi se réjouir,
n’est-ce pas ?
Après, qu’importe que les promesses ne soient pas
tenues ? Pourvu qu’elles soient énoncées dans la langue de Racine… et de
Madame de La Fayette : qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?
Pcc : La Citation du jour
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