Wednesday, December 03, 2014

Citation du 4 décembre 2014

Il y a toujours quelque chose de ridicule dans les émotions de ceux que nous avons cessé d'aimer.
Oscar Wilde – Le Portrait de Dorian Gray
Hey ! NIA-GA-RA / Je t'en prie sè-che tes joues /Ne pleure pas / Hey ! / Tu vas faire mon-ter la Sei-ne
Julien Clerc – Niagara (ParolesVidéo)
Ces émotions qui nous rendent ridicules – 2
Imaginez un peu : vous annoncez à votre amoureuse que vous ne l’aimez plus et que vous la quittez. Elle renifle, elle pleure, elle sanglote, elle se traine à vos pieds. Vous lui chantez : Hey ! NIA-GA-RA / Tes san-glots - sont si longs / Que je m'y noie / Hey ! /  De-main ma-tin je m'en vais pren-dre le train / Je t'en prie res-te chez toi.
o-o-o
Lucide et cruel : tel était Oscar Wilde. Selon lui, les personnes que nous n’aimons plus, non seulement nous ennuient de leurs chagrins, mais encore elles sont ridicules. Oui, le malheur de ne plus être aimé nous rend risibles, dérisoires, voire même grotesques.
On peut refuser avec indignation ce genre de remarque : l’expression du malheur signifie seulement qu’il est trop grand pour être contenu.  « Je n’en peux plus, retenir mes larmes ne serait possible que si j’étais moins malheureux(se). Se moquer de mes cris et de mes sanglots c’est ajouter le cynisme à la cruauté. »
La perte de l’amour n’est pas n’importe quel malheur : pourquoi nous rendrait-il plus ridicules que le chagrin du deuil ? Autrefois, il y avait des pleureuse payées pour gémir lors des funérailles : était-ce parce qu’elles savaient mieux pleurer que les     autres, qu’elles impulsaient une émotion contagieuse ?
Evidemment, ce ne sont pas ces larmes-là  qui sont ridicules, mais celles de cette pauvre NIA-GA-RA, pauvre fille abandonnée et qui pleure comme une pauvre petite que ses parents ont laissée toute seule à la maison.

Le chagrin d’être abandonné nous fait retomber en petite enfance, chuter de l’altitude de l’adulte et, ça fait rire : c’est un peu comme se casser la figure sur le trottoir : c’est ce qui, selon Bergson, révèle l’essence même du risible. (L’ouvrage de Bergson est à lire ici)

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