Le verbe aimer est difficile à conjuguer: son passé n'est
pas simple, son présent n'est qu'indicatif et son futur est toujours
conditionnel.
Jean
Cocteau
Encore une citation sur l’amour ! Ce Blog en compte
déjà plus de 80, sans parler des amants
et de l’amitié… N’en jetez plus !
- J’entends bien, mais outre le fait qu’on n’a jamais tout
dit de l’amour, il y a le fait que Cocteau nous livre ici une citation comme on
les aime : rhétoriquement bien balancée, pleine de vérité – mais aussi
pleine de brume.
o-o-o
Amour : son passé n'est pas simple. Cocteau
parle-t-il de l’amour au passé, celui
qui autrefois bouleversa notre vie, ou du
passé de l’amour – autrement dit son origine ? Selon moi, c’est
plutôt cela : l’origine de l’amour n’est pas simple, entendons qu’il a
toujours plusieurs origines. Voilà
donc l’idée : le sentiment amoureux se donne comme un tout inanalysable (« parce
que c’était lui, par ce que c’était moi »), mais il résulte d’une alchimie
complexe (qui aboutit à une cristallisation
– toutefois dans un sens différent de celui de Stendhal)
Amour : son présent n'est qu'indicatif. Ça,
c’est déjà plus facile : le sentiment amoureux inclut l’intuition de
l’éternité, mais tout dans l’être humain n’est que fugitif et temporel. En
nous, l’avenir est foi : en nous levant le matin nous sommes persuadés que
nous serons encore de ce monde le soir… et que nous aimerons plus que tout
notre petite femme à qui nous faisons la bise en partant bosser… Peut-être n’est-ce qu’une illusion, mais elle est nécessaire pour vivre.
Amour : son futur est toujours conditionnel.
« Mon amour, je t’aimerai toujours si… »
Hum… voilà une étrange formule : à quelle
conditions l’amour est-il donc suspendu ? Plus encore : l’amour
tolère-t-il la conditionnalité ? Car si c’est le cas, alors il faut
admettre qu’il soit contractuel : « Mon amour, je m’engage à t’aimer
tant que… » :
- tant que tu seras belle, jeune,
désirable etc…
- tant que je n’aurai rencontré personne
de mieux que toi
- tant que je le voudrai.
--> Alors là, deux possibilités :
- ou bien vous dites que l’auteur de
ces lignes écrit n’importe quoi.
- Ou bien vous le remerciez d’oser dire
– avec Jean Cocteau – ce que tout le monde
ressent sans oser le penser.
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