Thursday, December 10, 2015

Citation du 11 décembre 2015

 La ville la plus propre n’est pas celle qu’on nettoie le plus, c’est celle qu’on salit le moins.
Manuela Carmena (Maire de Madrid) – Libé du 5-6 décembre 2015
Commentaire II
Pour ceux qui estiment que cette belle pensée mérite mieux que ce qu’on a raconté hier.

Bien sûr, l’idée est qu’on devrait être attentif à ne pas souiller les trottoirs en jetant des papiers froissés ou en laissant notre chien merder n’importe où. Mais après tout qu’importe ? Si on passe le karcher derrière moi, pourquoi m’en soucierais-je ?  ça coute des impôts aux contribuables ? La belle affaire ! Ce n’est pas mon problème, et puis ça réduit le chômage avec cette armée de balayeurs mobilisés derrière mon toutou.
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Seulement, voilà : la pollution ne se ramasse pas toujours aussi facilement que les souvenirs laissés par mon chien sur les trottoirs. Les exhalaisons de mon pot d’échappement se dispersent dans l’air, façon aérosols mortifères, avec gaz en tout genre et particules fines qui pénètrent jusqu’au tréfonds des poumons. Même en supposant un pouvoir technique que nous n’avons pas, comme celui de nettoyer l’air que nous respirons, on n’y arriverait jamais.
Quoique… Imaginons que l’on construise des buildings dans les quels l’air serait non seulement climatisé, mais filtré, nettoyé, pour devenir respirable avec taux d’oxygène contrôlé et parfum de pinède en prime : qui donc selon vous aurait le privilège de vivre dans de tels immeubles ? Oui, bien sûr : les riches, parce que désormais il faudrait payer pour respirer – comme on paye pour boire de l’eau propre.
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Soyons un peu sérieux, mais quand même : demandons-nous quel pouvoir pourrait imposer de respecter les normes antipollution suffisamment sévères pour éviter de salir la ville. J’évoquais il y a un instant la pollution due aux voitures. Les mesures pour l’éviter sont des mesures qui portent atteinte aux libertés publiques, en particulier à la liberté de jouir de son bien comme d’utiliser sa voiture personnelle. 
La pollution en Chine. Ne demandez pas dans quelle province ? C’est n’importe où !
On sait les risques énormes pour la santé engendrée par la pollution à Beijing. Le gouvernement chinois a pris des mesures draconiennes telles que l’interdiction de posséder une nouvelle voiture, de circuler avec quand l’alerte rouge est déclenchée, ou de faire fonctionner des usines polluantes quand on atteint le pic de la contamination.
Dur… Mais les chinois sont habitués à filer doux quand le gouvernement a décidé quelque chose, ils obéissent – et pas seulement parce qu’ils sont confucéens : on dit que les prisons ne sont pas très accueillantes là-bas.

Quant aux chiens, pas de risque de les voir trainer et crotter sur les trottoirs : on a de très bonnes marmites pour les accueillir.

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