Dans la société de classes, chaque homme occupe une position
de classe déterminée et il n'existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de
classe.
Mao
Zedong – Petit Livre rouge (1964)
Ah ! les années 60… Mao… Radio-Pékin… Le Petit livre
rouge… Que nous regrettons cette heureuse époque ! Oui, nous autres vieux
de la vieille, nous gardons le souvenir ému du temps où les choses étaient
simples, ou selon ton origine tu étais prolétaire ou bourgeois. Epoque bénie où
il n’y avait même pas besoin de te dire : « Choisi ton camp,
camarade ! », parce que ton camp, il était tout choisi. Telle
naissance, à Neuilly ou à Nanterre : tel engagement. Alors, c’est vrai, de
temps à autre on avait des exceptions : Marx lui-même n’était-il pas
petit-fils de rabbin ? Mais justement, ceux qui avaient un tel pédigrée
s’efforçaient d’en faire plus que tous les autres pour prouver leur engagement
au service du Prolétariat. On le voit encore mieux aujourd’hui : c’est
parmi les convertis qu’on trouve les plus radicaux.
o-o-o
Mais il n’y avait pas que cet aspect qui nous simplifiait alors
la vie. Il y avait aussi cette affirmation : il n'existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe.
Comprenez que vous portez un jugement bourgeois ou prolétaire non seulement
lorsque vous pensez à l’avenir de la France, mais aussi lorsque vous critiquez
le récent film de la saga Star wars ou le dernier livre de Michel Houellebecq, votre
jugement est là aussi d’ordre politique. D’ailleurs Staline l’a abondamment
prouvé : ses goulags étaient remplis de poètes anti-prolétariens ou
d’artistes cultivant l’abstraction petite-bourgeoise.
Oui, tout est politique, et même la production des artistes
que nous aimons est de cet ordre. Du moins c’est la thèse que les marxistes ont
développée et que beaucoup ont partagée : l’art n’est qu’un reflet
idéologique de la lutte des classes. Souvenons-nous de Jean Ferrat, notre
Troubadour, à jamais inoubliable : lui aussi disait que tout était
politique, et il le prouvait depuis sa retraite ardéchoise : le vin et le
saucisson qu’on y fabriquait était aussi politique – car comment appeler ce
fait que les montagnards ardéchois migraient vers les grandes métropoles pour
se faire « flics ou fonctionnaires » ?
Pourtant
la montagne est si belle
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