L'événement le plus important de la puberté [chez
l'adolescente] est la menstruation. Symptôme biologique de maturité sexuelle,
le premier saignement génital détermine des réactions psychologiques si
nombreuses et si variées que nous pouvons parler de la «psychologie de la
menstruation » comme d'un «problème spécial».
H.
Deutsch, Psychologie des femmes, I
Les tampons et serviettes, jusqu'ici taxés à 20% comme
n'importe quel téléviseur, seront soumis à une TVA réduite, à 5,5%, comme les
produits de première nécessité.
nouvelobs.com
– 11/12/2015
Lorsqu’on aborde le chapitre des tabous, il en est un
d’ordre physiologique qui est particulièrement tenace, c’est celui qui concerne
les menstrues. Même les femmes - qui pourtant les subissent - semblent accepter qu’il en
aille ainsi, cachant tant que possible cet état périodique, usant de
périphrases pour l’évoquer (« les anglais débarquent » écrit Louise Colet dans sa correspondance intime
avec Flaubert). Pour les hommes, ou plutôt pour les religions, cet écoulement
de sang est la marque d’une impureté « ontologique », qui fait de la femme, créature souillée et également « souillante », un être qui risque
de contaminer tous ceux qui approchent dans ce moment. Phénomène qui perdure
encore aujourd’hui : curieusement, alors que maintenant on pourrait
supprimer les règles (grâce à des médicaments fort bien connus), de fortes
résistances s’y opposent toujours.
Or, aujourd’hui justement, les femmes ont manifesté très
bruyamment pour obtenir que les tampons périodiques soient taxés à 5% (et plus
non 20%) en exigeant qu’on les classe dans les produits de première nécessité –
et non parmi les éléments de confort. Je vous laisse découvrir si ce n’est déjà
fait les étapes de cette victoire (ici) ; par contre j’insisterai sur le
fait que pour l’obtenir, les femmes ont mis en scène ce qu’elles cachent
habituellement : le sang menstruel, représenté par de la peinture rouge largement
répandue sur de gigantesques tampons postiches :
Et c’est là que l’essentiel se montre : les femmes
n’ont plus honte de ce qu’on (= nous, les hommes – mais aussi les religions,
voire même les Civilisations !) désigne comme une impureté contagieuse.
Oui, les femmes ont enfin le courage de dire : « Ce qui en nous attire
les hommes, ce sont essentiellement des organes physiologiques qui font partie
de notre organisme. Eh bien les menstrues c’est exactement pareil. Ce n’est ni
attirant ni répugnant : c’est fonctionnel. – Plus de symbole :
la réalité. »
Et ça c’est nouveau.
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