Jésus lui dit : « Ne me touche pas (noli me tangere), car je ne suis pas encore monté vers le Père.
Mais va trouver mes frères et dis-leur : "je monte vers mon Père et votre
Père, vers mon Dieu et votre Dieu".
Évangile
selon Jean, chapitre 20 versets 11 à 18 (1) – Voir texte en annexe.
Véronèse
– Noli me tangere
Noli
me tangere : « Ne me touche pas » –
parfois traduit par : « Ne me retiens pas » est souvent évoqué
pour dire que l’on doit accepter la séparation. On songe alors à la rupture
amoureuse, mais rien n’empêche qu’on pense plutôt à la séparation imposée par
la mort de l’aimé(e) et du travail de deuil qu’il faut commencer.
Une rupture, comme son nom l’indique est une césure dans le
temps ; c’est le moment où on admet que le passé est définitivement passé,
qu’on ne reviendra pas dessus, et que le présent ne peut être en continuité
qu’avec l’avenir. Bien sûr comme l’indique ce passage de la Bible, c’est la
mort qui marque le mieux cette rupture – on peut se référer à la
mythologie gréco-romaine avec la Parque qui est armée d’une paire de ciseaux
pour trancher le fil de la vie. Toute rupture est par définition
définitive : raison de plus pour comprendre que la rupture amoureuse soit
particulièrement traumatisante.
Revenons à la Résurrection (cf. texte en annexe), parce que
c’est l’occasion de se représenter ce qui se passe quand on refuse d’admettre
cette rupture d’avec le passé. Jésus vient d’être enseveli, mais Marie de
Magdala trouve son tombeau ouvert et vide ! Elle voit Jésus au bord du
sépulcre et elle s’exclame : Rabouni !
Pour elle Jésus est vivant comme si la crucifixion n’avait pas eu
lieu ; le passé n’est pas passé, il ne fait toujours qu’un avec le
présent. Mais Jésus : « Noli me
tangere ! je monte vers mon Père… » Qu’on imagine la violence de
cet arrachement, de cette rupture qu’il nous faut opérer dans le continu de la
durée, et on aura une idée de ce qu’est vraiment le travail de deuil.
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(1) « Cependant
Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle
se baissa pour regarder dans le sépulcre; 12 et elle vit deux anges vêtus de
blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête,
l'autre aux pieds. 13 Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur
répondit : Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont
mis. 14 En disant cela, elle se retourna, et elle vit Jésus debout; mais elle
ne savait pas que c'était Jésus. 15 Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu
? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit : Seigneur,
si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai. 16
Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu: Rabbouni !
c'est-à-dire, Maître ! 17 Jésus lui dit : Ne me touche pas; car je ne suis pas
encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je
monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. 18 Marie de Magdala
alla annoncer aux disciples qu'elle avait vu le Seigneur, et qu'il lui avait
dit ces choses. »
- On lira une analyse de ce passage ici.
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