Thursday, December 03, 2015

Citation du 4 décembre 2015

Jésus lui dit : « Ne me touche pas (noli me tangere), car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver mes frères et dis-leur : "je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu". 
Évangile selon Jean, chapitre 20 versets 11 à 18 (1) – Voir texte en annexe.


Véronèse – Noli me tangere
Noli me tangere : « Ne me touche pas » – parfois traduit par : « Ne me retiens pas » est souvent évoqué pour dire que l’on doit accepter la séparation. On songe alors à la rupture amoureuse, mais rien n’empêche qu’on pense plutôt à la séparation imposée par la mort de l’aimé(e) et du travail de deuil qu’il faut commencer.
Une rupture, comme son nom l’indique est une césure dans le temps ; c’est le moment où on admet que le passé est définitivement passé, qu’on ne reviendra pas dessus, et que le présent ne peut être en continuité qu’avec l’avenir. Bien sûr comme l’indique ce passage de la Bible, c’est la mort qui marque le mieux cette rupture – on peut se référer à la mythologie gréco-romaine avec la Parque qui est armée d’une paire de ciseaux pour trancher le fil de la vie. Toute rupture est par définition définitive : raison de plus pour comprendre que la rupture amoureuse soit particulièrement traumatisante.
Revenons à la Résurrection (cf. texte en annexe), parce que c’est l’occasion de se représenter ce qui se passe quand on refuse d’admettre cette rupture d’avec le passé. Jésus vient d’être enseveli, mais Marie de Magdala trouve son tombeau ouvert et vide ! Elle voit Jésus au bord du sépulcre et elle s’exclame : Rabouni ! Pour elle  Jésus est vivant comme si la crucifixion n’avait pas eu lieu ; le passé n’est pas passé, il ne fait toujours qu’un avec le présent. Mais Jésus : « Noli me tangere ! je monte vers mon Père… » Qu’on imagine la violence de cet arrachement, de cette rupture qu’il nous faut opérer dans le continu de la durée, et on aura une idée de ce qu’est vraiment le travail de deuil.
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(1) « Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre; 12 et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête, l'autre aux pieds. 13 Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur répondit : Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis. 14 En disant cela, elle se retourna, et elle vit Jésus debout; mais elle ne savait pas que c'était Jésus. 15 Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai. 16 Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu: Rabbouni ! c'est-à-dire, Maître ! 17 Jésus lui dit : Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. 18 Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu'elle avait vu le Seigneur, et qu'il lui avait dit ces choses. »

- On lira une analyse de ce passage ici.

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