Si vous avez compris ce que j’ai dit, c’est que je me suis
mal exprimé.
Alan
Greenspan. Président de la Réserve fédéral américaine. (1989)
On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens.
Cardinal
de Retz (cité par François Mitterrand) (1)
Sur BFM-TV, Jean-Marc Daniel (voir ici) explique pourquoi monsieur
Greenspan a prononcé cette phrase et surtout comment elle est devenue un principe
adopté comme généralité en finance ou en politique. Pour aller au plus simple,
disons qu’on a intérêt, lorsqu’on se prononce sur des décisions importantes, à
garder un certain mystère – on pourrait aussi citer François Mitterrand qui aimait
rappeler cette formule du cardinal de Retz : « On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens». L’idée est que dans ce
cas, les interlocuteurs font semblant de comprendre pour ne pas paraître
idiots, et qu’ils sont ensuite obligés d’assumer des propos aux quels ils ont
acquiescé sans savoir ce qu’ils contenaient réellement.
L’idée est qu’on comprend toujours quelque chose : si
l’interlocuteur de Greenspan ne comprend pas ce qu’on lui dit, il n’en reste
pas moins qu’il comprend quelque chose. C’est même là tout le secret de la
ruse : faire en sorte qu’on comprenne sans néanmoins le dire nous-mêmes,
c’est à dire sans s’engager ! Du coup, l’ambiguïté politique ressemble tout
à fait à l’ambiguïté amoureuse – car en amour aussi il est essentiel de faire
croire sans dire, pour ensuite démentir sans se déjuger.
Remarque en passant : je retrouve ce vieux Post dans le
quel je remarquais une autre parenté entre la politique et l’amour : c’est
la rupture. La politique et l’amour
ont donc une stratégie commune, fabriquer de la séduction et de la duperie. Bien
sûr on ne parle ici que de stratégie
amoureuse ; car pour ce qui est du désir et de la jouissance, alors la
politique et l’amour diffèrent du tout au tout : si la jouissance
solitaire est en amour une perversion (2), en politique, l’exercice solitaire
du pouvoir ne l’est pas du tout – bien au contraire !
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(1) Sur cette phrase trouvée dans les Mémoires du cardinal de Retz et considérée comme éloge de la ruse
en politique et en amour, voir ici.
(2) Comme dit un titre de film : l’amour c’est mieux à
deux.
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