Sous l’apparence d’une femme coiffée d’un bonnet phrygien,
Marianne incarne la République française et ses valeurs contenues dans la
devise : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Marianne est un important symbole
républicain et une icône de la liberté et de la démocratie.
Marianne
– Article Wiki
A gauche, buste de Marianne, visible au sénat. A droite, photographie
de Zahia en Marianne (bonnet phrygien et devise républicaine), œuvre de Pierre
et Gilles – récente, on dit même qu’elle fut publiée au lendemain des
attentats de Paris.
Ecoutez un peu le commentaire que la presse sérieuse et
culturelle (le Figaro quand même !) en a fait :
« Les lèvres
sensuellement entrouvertes, Zahia devient ici une force spirituelle
républicaine et libertaire vers qui se tourner dans ces temps troublés.
L'auréole autour de son visage vient conforter cette présence transcendante. »
Lire ici.
Il est bon de mesurer l’écart entre ces deux représentations
de la République française, puisque Marianne en est la figure. D’ailleurs,
peut-on comparer l’une avec l’autre ? « Autre temps, autres
mœurs» dira-t-on. Certes, mais il faut
quant même observer que ces deux images ne se situent pas au même niveau
d’abstraction. La Marianne du Sénat ne représente pas une femme incarnée, elle
en est même l’opposé. Sa substance (bronze ? Marbre ? Stuc ?)
n’a rien à voir avec la chair humaine : ici point de couleurs, point de
vie. Si Marianne est une figure immortelle c’est parce qu’elle ne possède pas
la vie.
Il est presque inutile de souligner les différences qui
apparaissent avec la photo réalisée par Pierre et Gilles. Mais justement, cette
image n’est-elle pas trop incarnée pour arriver à figurer une « force spirituelle » comme croit
pouvoir le dire le journaliste du Figaro ? En quoi consiste cette présence transcendante qu’il affirme y
trouver ?
La transcendance, rappelons-le, est ce qui surpasse le
perceptible et le concevable (Art. Wiki) ; ici, il s’agit d’une image qui
nous invite à imaginer quelque chose qu’elle ne peut représenter. Clairement
l’érotisme qui se dégage de la photo de Zahia (Ah… Le petit caraco miraculeusement accroché à la pointe
des seins…) est du domaine de la transcendance, du moins telle que décrite ici,
puisque le non représentable est l’objet du désir (l’objet a comme dit Lacan). Bref, on a compris : Marianne est
maintenant un objet désirable et non une invitation à faire son devoir.
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