Saturday, December 12, 2015

Citation du 13 décembre 2015

Sous l’apparence d’une femme coiffée d’un bonnet phrygien, Marianne incarne la République française et ses valeurs contenues dans la devise : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Marianne est un important symbole républicain et une icône de la liberté et de la démocratie.
Marianne – Article Wiki


A gauche, buste de Marianne, visible au sénat. A droite, photographie de Zahia en Marianne (bonnet phrygien et devise républicaine), œuvre de Pierre et Gilles – récente, on dit même qu’elle fut publiée au lendemain des attentats de Paris.
Ecoutez un peu le commentaire que la presse sérieuse et culturelle (le Figaro quand même !) en a fait :
« Les lèvres sensuellement entrouvertes, Zahia devient ici une force spirituelle républicaine et libertaire vers qui se tourner dans ces temps troublés. L'auréole autour de son visage vient conforter cette présence transcendante. » Lire ici.
Il est bon de mesurer l’écart entre ces deux représentations de la République française, puisque Marianne en est la figure. D’ailleurs, peut-on comparer l’une avec l’autre ? « Autre temps, autres mœurs»  dira-t-on. Certes, mais il faut quant même observer que ces deux images ne se situent pas au même niveau d’abstraction. La Marianne du Sénat ne représente pas une femme incarnée, elle en est même l’opposé. Sa substance (bronze ? Marbre ? Stuc ?) n’a rien à voir avec la chair humaine : ici point de couleurs, point de vie. Si Marianne est une figure immortelle c’est parce qu’elle ne possède pas la vie.
Il est presque inutile de souligner les différences qui apparaissent avec la photo réalisée par Pierre et Gilles. Mais justement, cette image n’est-elle pas trop incarnée pour arriver à figurer une « force spirituelle » comme croit pouvoir le dire le journaliste du Figaro ? En quoi consiste cette présence transcendante qu’il affirme y trouver ?

La transcendance, rappelons-le, est ce qui surpasse le perceptible et le concevable (Art. Wiki) ; ici, il s’agit d’une image qui nous invite à imaginer quelque chose qu’elle ne peut représenter. Clairement l’érotisme qui se dégage de la photo de Zahia (Ah… Le petit  caraco miraculeusement accroché à la pointe des seins…) est du domaine de la transcendance, du moins telle que décrite ici, puisque le non représentable est l’objet du désir (l’objet a comme dit Lacan). Bref, on a compris : Marianne est maintenant un objet désirable et non une invitation à faire son devoir.

No comments: