Mais cette certitude : que l’homme n’a pas toujours été ce
qu’il est, permet aussitôt cet espoir : il ne le sera pas toujours.
Gide
– Nouvelles nourritures – Livre 4, 1 (1935)
L’Homme vous
dégoute ? Vos semblables vous déçoivent ? Ne vous inquiétez
pas : ça ira mieux demain !
Prenons une
comparaison : nous pourrions penser que les paysages qui nous environnent
ont toujours été tels que nous les voyons, et pourtant nous savons grâce à la
géologie qu’il n’en est rien. En ce moment même l’Himalaya s’élève sous nos
yeux et nous ne le voyons pas. De même l’humanité est en chemin ; l’homme
croit-on n’a pas changé depuis les pharaons… Mais en réalité « l’homme devient ».
Bien. Oublions
nos lointains ancêtres, à quoi ils
ressemblaient et comment ils vivaient. Pensons à l’homme du futur. A quoi
ressemblera-t-il dans 500000 ans?
Sans nous
lancer dans des élucubrations dignes de la science fiction, relevons que le
progrès qui est en route depuis le début de l’humanité a pris des chemins bien
étranges. Du pithécanthrope à Cro-Magnon, l’évolution s’est faite par abandon
progressif de la force physique au profit du développement cérébral. Ce n’était pas du tout évident car cela place l’humanité sous la dépendance de
la transmission du savoir technique : quand le poing ne suffit plus pour
briser l’os de l’ours, il faut inventer la hache de pierre, puis la fabriquer
et enfin apprendre à s’en servir. Qu’à un seul moment la génération en place ne
puisse plus donner à la nouvelle génération les connaissances techniques
nécessaires à la survie, et c’est toute l’humanité qui s’écroule. La survie de
l’espèce repose non sur des individus transmetteurs de gènes, mais sur des
communautés transmettrices de savoir.
Toutefois Gide
ne suit pas cette intuition ; il profite de cette idée de progrès de
l’espèce pour nous refiler une nouvelle transcendance. Il nous harangue :
« Camarade, sache le découvrir en
toi-même, cet homme du futur, et, comme du minerai d’où l’on extrait le pur
métal, exige-le de toi. Obtiens-le de toi. Ose devenir qui tu es ! »
(Nouvelles nourritures 1,4 – Texte à lire ici)
Bon… Je ne
vais pas me fâcher avec tous ceux qui applaudissent ce genre d’envolée. Je
dirai seulement : savez-vous seulement où va l’homme ? Avez-vous une
idée de la direction que va prendre (dans les milliers d’années à venir)
l’humanité ? Et si le surhomme était préfiguré par les cruels barbares que nous connaissons ?
On dira que
ces fanatiques vont au rebours du sens de l’histoire, que c’est l’intelligence
de plus en plus affûtée qui marque l’évolution humaine. Soit. Mais regardons
autour de nous : souhaitons-nous vraiment que tout le monde ait plus d’intelligence ? Le docteur Mengele ne devait pas en être totalement dépourvu…
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