Il ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car
expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser.
Manuel
Valls, lors de l’hommage aux victimes de l’Hyper Cacher le 9 janvier 2016
« Expliquer, c’est vouloir un peu excuser » : appréciez la modération ! Mais
enfin, l’idée est claire : rechercher les causes d’un acte mauvais, ce
serait en excuser l’auteur dans la mesure où on trouverait des causes
extérieures à sa volonté qui le déchargeraient de sa responsabilité.
Exemples ?
- Voilà donc un pédophile « un peu innocenté », parce
qu’étant petit, il a été violé par son père (ou son grand frère) : « Regardez
mon client, monsieur le juge. Imaginez cet enfant, humilié et violé ; comment
voulez-vous qu’il se comporte normalement devenu adulte ? »
Un autre exemple ?
- L’avocat du djihadiste : « Imaginez, mesdames et
messieurs les jurés, l’exclusion, les vexations dont a été victime l’accusé ; cet
homme dont on a fait un paria simplement parce qu’il était arabe, a qui on a refusé
tout avenir, comprenez pourquoi il a pris une kalach’ et a tiré dans le tas.
Oui, mesdames et messieurs les jurés : pensez à tout cela et vous
comprendrez que c’est notre société qui est responsable. »
Inacceptable : à l’origine de tout acte humain, il y a
la liberté d’un homme qui a voulu ce qu’il a fait. Dans notre droit, tout homme
dès lors qu’il a atteint la majorité, est considéré comme libre et responsable
de ses actes. Il y a deux exceptions : les esclaves (qui n’existent plus)
et les déments. (1)
Admettons un instant que ces criminels qui ont massacré des
innocents à Paris l’aient fait sous l’emprise d’un délire entretenu par des
imams fanatiques. Les voici exonérés de la sanction judiciaire pour les crimes
qu’ils ont commis. Ce faisant, suivons-nous Jésus crucifié criant « Père, pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. » ?
Pas vraiment, car on ne les excuse pas pour autant : ils sont simplement considérés comme ayant
été en dehors de l’humanité le temps de leur action ; ce ne sont plus des
« sujets de droit »; on ne leur ferait pas plus de procès qu’on n’en
ferait aujourd’hui au cochon qui a dévoré le bébé tombé au sol.
… Je devine un certain agacement chez mes lecteurs :
« Pas d’accord, cher philosophe ! En admettant même que le djihadiste
soit lui aussi privé de discernement – comme envouté par les émirs
auto-proclamés de Daech – par contre, lorsqu’il n’était qu’un aspirant djihadiste il y a bien eu un
moment où il a choisi les valeurs criminelles qui étaient liées à sa
radicalisation. Il ne peut s’en excuser : devenir égorgeur, c’était dans
le package, et il l’a choisi. »
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(1) L'article 122-1 du code pénal énonce : « N'est pas
pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits,
d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le
contrôle de ses actes. »
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