Si le monde était vraiment gouverné par le hasard, il n’y
aurait pas autant d’injustices. Car le hasard est juste.
Ferdinando
Galiani – Lettre
Le hasard est juste… Il ne résulte pas de préférences pour
ou contre, et donc il se distribue selon une fréquence statistique : soit une urne où sont mélangées des boules blanches et noires en quantité identiques, sur 100 tirages, je risque tout au plus de trouver 49 blancs et 51 noirs. De même,
si j’ai une chance sur 45 millions de gagner au loto à chaque tirage
hebdomadaire, alors je devrais être sûr de gagner au bout de 45 millions de
semaines de participation – sinon, c’est que quelqu’un a trafiqué la machine.
Bien sûr les joueurs n’y croient pas, par contre ils croient aux fétiches, aux
martingales etc., bref quelque chose qui abolit le hasard.
- Venons-en à l’idée qui compte : selon notre auteur,
mieux vaudrait un monde gouverné au hasard plutôt que régi par la volonté des
gouvernants qui vont semer l’injustice. Laissant de côté l’hypothèse d’un être
tout puissant et bienveillant qui dirigerait le monde avec compétence et qui nous
garantirait contre les aléas de la nature, de la pauvreté et de la maladie, on
affirme donc que le hasard est innocent des injustices, qu’elles n’en sont
jamais l’effet, mais qu’elles correspondent à une volonté malfaisante. Une
telle pensée ne nous conduit-elle pas à la paranoïa ? Ne suis-je pas
personnellement visé par une mafia, ou par une maçonnerie qui m’en veut et me
fait échouer dans mes entreprises. Sinon, ça serait réglé depuis longtemps…
On se demande donc s’il ne serait pas meilleur pour nous
d’être gouvernés par des chefs politiques désignés au hasard, tirés au sort
comme autre fois les magistrats d’Athènes ; car actuellement nos politiques professionnels,
polytechnicien ou énarques, mettent toutes leurs compétences au service de leur
intérêt personnel, cherchant ce qui peut assurer leur réélection plutôt que servir
le bien public.
Si on les soumettait un tirage au sort, on serait au moins sûrs
qu’ils ne gouverneraient pas l’œil sur les sondages, puisque leur réélection
dépendrait du sort.
« Oui, mais, si on s’en remet au hasard, ne risque-t-on
pas de se retrouver avec les moins compétents, les moins capables de
gouverner ? »
Ah ! Vous vous en doutez : il y aura beaucoup de
gens pour répondre : « Et alors ? Croyez-vous que ceux que nous
élisons ne sont pas aussi les moins ceci et les moins cela ? »
…
Un rappel : une société de gestion de biens a mis en
compétition deux portefeuilles d’action : l’un géré par une équipes de
conseillers financiers aguerris ; l’autre soumis à une gestion aléatoire.
Au bout de 5 ans, les résultats s’étaient égalisés.
No comments:
Post a Comment